Sans titre
Un ministre de conséquence
Qui crut jadis faire un péché
De gouverner un évêché,
A cru pouvoir en conscience
Gouverner seul toute la France.
Mazarine Castries 3984, p.232
Sans titre
À Barin, Gars et Terrasson
On impose silence
Entre eux et l’apôtre breton
Dieu, quelle différence !
Eux nous prêchaient les vérités
Qu’a prêchées le Messie,
Lui nous prêche des vérités que dicte sa folie.
À Caen ce jésuite a prêché
En moliniste habile,
Qu’on peut sans commettre un péché
Douter de l’Évangile,
Que si de manger dans les cieux
L’homme perd la pensée,
C’est qu’on n’y souffre point de lieu
Ni de chaise percée.
Mazarine Castries 3984, p.231
Sans titre
Senez, votre indocilité
N’est plus guère à la mode.
Point tant de singularité,
Rendez-vous plus commode.
Obstiné, voulez-vous périr ?
Un collège d’apôtres
Va vous noter et vous flétrir
Faites comme les autres.
Cessez de bouche et par écrit
De prêcher et défendre
Le don gratuit du Saint Esprit.
Simon1
va vous l’apprendre,
Il en est juge compétent.
Ses preuves sont publiques ;
Fidèle, il a payé comptant
Le prix fait des reliques.
- 1 Benoît XIII, successeur de Simon Pierre (Castries).
Mazarine Castries 3984, p.228-30
Sans titre
On dit que cinquante avocats
De Paris la grand ville
Valent bien quatorze prélats
Choisis pour un concile.
Vous me direz, ne sont-ils pas
Successeurs des apôtres ?
Tencin fait bien voir que Judas
L’était comme les autres.
Mazarine Castries 3984, p.227
Sur les dogmes de la foi molinienne qui n’obligent point d’aimer Dieu.
Sur les dogmes de la foi molinienne qui n’obligent point d’aimer Dieu.
De par notre Saint Père
Ce précepte est honni
Et passe pour chimère
Qu’on regarde en mépris,
Car toute la cabale
Qui veut qu’on aime Dieu
Par la bulle papale
N’a plus ni feu ni lieu.
Il faut que dans notre âme
Dieu ne soit point haï,
Mais de l’aimer ? Tredame,
Ce serait trop pour lui ;
Si tout bien peut se faire
Sans cet amour gênant
Pourquoi chercher à plaire
À l’Etre tout-puissant ?
Mazarine Castries 3984, p.200-210
Sans titre
Vous1
qui, pour mieux servir l’État,
Persécutez l’Église,
Puissant et zélé magistrat,
Quelle est votre entreprise,
Malheureuse expédition
La faridondaine, la faridondon
Votre empressement est servi
Biribi
À la façon de barbari
Mon ami.
Un écrivain trop redouté,
Esprit noble et sublime
Qui défendit la vérité
Et n’eut point d’autre crime
De ses vertus allait, dit-on,
La faridondaine, la faridondon
Par vos soins recevoir le prix
Biribi
- 1 M. d’Ombreval, lieutenant de police. (Castries)
Mazarine Castries 3984, p.197-99