Sur le duc de Choiseul
Sur le duc de Choiseul
Ta grandeur est à toi, nul ne peut la ravir.
Le jour de ton exil, le plus beau de ta vie,
Met le comble à ta gloire, et c’est pour nous punir
Que l’aveugle destin fait triompher l’envie.
Entre Mars et Minerve, on placera Choiseul ;
Et Clio, de nos cœurs interprète chérie,
Prenant tout à la fois le burin et le deuil,
Gravera sur l’airain les pleurs de la patrie.
Raunié, VIII,239
Sur le roi
Sur le roi1
Le bien-aimé de l’almanach
N’est pas le bien-aimé de France ;
Il fait tout ab hoc et ab hac,
Le bien-aimé de l’almanach.
Il met tout dans le même sac,
Et la justice et la finance :
Raunié, VIII,238-39 - F.Fr.13651, p.466 - F.Fr.15155, p.106 - BHVP, MS 661, f°151r - Mémoires secrets, III, 1443-44
Noëls pour l'année 1771
Noëls pour l’année 1771
Voici l’Avent, chantons Noël,
Le fils de Dieu descend du ciel
Par les flancs d’une vierge mère.
Lère, la, lère lon lère,
Lère, la, lère lon la.
Des souverains de chrétienté
Un bon grand tiers s’est ajusté
Pour l’aller voir dans sa chaumière.
Suivi d’une brillante cour,
Raunié, VIII 231-38 - F.Fr.13652, p.69-74 et 74-79 (notes)
Notes très abondantes dans F.Fr.13652.
L'Abolition du parlement de Rouen
L’abolition du parlement de Rouen
Approchez tous, et qu’un chacun écoute
Le fait piteux que je vais raconter
Les exilés en riront peu sans doute,
Car tous les cœurs ont lieu de s’attrister.
Chère patrie,
Chère Neustrie,
Dis-nous comment
Est mort ton Parlement.
Ce Parlement, qui se traitait de classe,
Car il était composé d’écoliers,
Voulait du maître, hélas ! prendre la place,
Et s’est enfin mis mal dans ses papiers.
C’est grand dommage,
Il eût, je gage,
Vécu longtemps
Raunié, VIII,227-31
Panégyrique du chancelier Maupeou
Panégyrique du chancelier Maupeou
Auguste magistrat, dont la haute prudence
S’applique à réparer des maux que la licence,
Sous le voile des lois et de l’autorité,
Semblait perpétuer avec impunité ;
Intrépide Maupeou, quand ton âme sublime
Prend en faveur du peuple un essor magnanime,
Souffre qu’un bon Français félicite son Roi
D’avoir cru ne trouver un sûr appui qu’en toi.
Assez d’autres, bravant l’innocence opprimée,
Ont pu voir d’un œil sec l’erreur envenimée,
L’avarice insensible et l’orgueil fastueux,
Raunié, VIII,225-27
Le Lit de justice
Princes du sang1
, la paresse,
La crapule, la bassesse,
L’indolence et la faiblesse,
Voilà votre vrai ballot ;
Mais espérer que la France
Mette en vous sa confiance,
Il faut la croire en démence.
Le Français n’est pas si sot, si sot, si sot, si sot.
Un seul d’entre vous mérite
- 1Sur la protestation des princes du sang. — Le comte de La Marche, fils du prince de Conti, fut le seul qui suivit un parti contraire et qui assista au lit de justice du I3 avril… ce qui lui attira le mépris public. (M) (R)
Raunié, VIII,224