Fragments
Fragments
En aliments de mort par des tours de chimie
Il sut d’abord changer les aliments de vie,
Il devint plus habile et ses faits triomphants
Parvinrent à changer contre toute nature
Les rabats de Thémis en bavettes d’enfants,
En des manteaux d’honneur les manteaux de Mercure,
Law en chrétien, Law en Français,
Un cuistre en prince et tout prince en bourgeois
F.Fr.15141, p.63-64 - F.Fr.15152, p.217-18 - NAF 9184, p.42 - Mazarine 2356, f°20v - Mazarine, MS 4035, Pièce 22 - Besançon BM, MS 561, p.61
Épître de Lagrange-Chancel à la Reine d’Espagne
Épître du même auteur [Lagrange-Chancel] échappé des prisons de Sainte-Marguerite, à la Reine d’Espagne pour lui demander asile.
Reine dont le cœur mâle et le vaste génie
Doivent à vos enfants l’empire d’Ausonie,
Les Dieux pour célébrer un triomphe si beau
D’un peintre tel que moi vous devaient le pinceau.
Aussi, pour satisfaire à cette noble envie
Je viens vous consacrer le reste de ma vie.
Moi, Reine, à qui Phébus dont j’imite les sons
Donne un des premiers rangs parmi ses nourrissons
Mazarine 2356, f°17v
Épitaphe du cardinal Dubois
Épitaphe du cardinal Dubois
Toi qui dans ce tombeau superbe
Usurpe les honneurs qu’on ne doit qu’aux héros
Ce qui devrait avoir pour tes indignes os
Qu’un tas de terre couvert d’herbe
Dubois, pourquoi faut-il que le marbre et l’airain
Prostitués à ta mémoire
Éternisent bien moins ta gloire
Que la honte de Rome et de ton souverain.
Mazarine, MS 2356, f°2v
Ci-gît 0946
Sans titre
Dans les fables de La Fontaine,
Tout est naïf, simple et sans fard ;
On n’y sent ni travail ni peine,
Et le facile en fait tout l’art ;
En un mot, dans ce froid ouvrage,
Dépourvu d’esprit et de sel,
Chaque animal tient un langage
Trop conforme à son naturel.
Dans La Motte-Houdart, au contraire,
Quadrupède, insecte, poisson,
Tout prend un noble caractère,
Et s’exprime du même ton.
Enfin, par son sublime organe
Les animaux parlent si bien,
Épigrammes de J.-B. Rousseau, p.78
Sans titre
Houdart n’en veut qu’à la raison sublime
Qui dans Homère enchante les lecteurs ;
Mais Arouet veut encore de la rime
Désabuser le peuple des auteurs.
Ces deux rivaux, érigés en docteurs,
De la poésie ont fait un nouveau code ;
Et bannissant toute règle incommode,
Vont produisant ouvrages à foison,
Où nous voyons que pour être à la mode,
Il faut n’avoir ni rime ni raison.
Épigrammes de J.-B. Rousseau, p.29
On dit que la thèse nouvelle
On dit que la thèse nouvelle
Glaneur historique, 13 avril 1733