Sans titre
Certain jour, chez Pigalle, en contemplant Voltaire1
,
Je disais : Qu’a donc mis le fameux statuaire
Sous les pieds de notre Apollon ?
Et pourquoi lui fait-on écraser du talon
Ce masque hideux, dont la bouche effroyable
Semble ouverte pour aboyer ?
- 11er février 1773. Plusieurs littérateurs, offensés du ton tranchant et despotique de l'auteur des Trois siècles, ont déchargé leur bile dans diverses sortes d'ouvrages. M. d'Aquin, un des plus maltraités, a fait les deux épigrammes suivantes (M.).
Mémoires secrets, IV, 280
Rondeau
A vous claquer quand tout Paris s’empresse1
,
Moi seul encore n’y suis point parvenu ;
Déjà trois fois étouffé dans la presse,
- 123 janvier a. Un plaisant a exprimé en vers les difficultés qu'on éprouve journellement à la comédie pour y avoir une place, lorsque Mlle Raucourt joue ; il lui a adressé à ce sujet un rondeau, genre de poésie antique qu'il a rajeuni pour cette actrice, dans lequel en ne s'asservissant pas exactement aux règles, il y a mis la chose la plus essentielle, ce qui en fait l'âme, une certaine naïveté maligne. Le voici (M.)
Mémoires secrets, IV, 270-71
Epigramme
D’une gazette ridicule,
Rédacteur faux, sot et crédule1
,
Qui, bravant le sens et le goût
Nous raconte sans nul scrupule
Des contes à dormir debout ;
A ton dénombrement immense
Pour qu’on pût ajouter foi
Il faudrait qu’à la ressemblance
Chaque individu fût en France
Soudain aussi double que toi.
- 1C’est d’après ses calculs faux et exagérés qu’on a adressé au sieur Marin l’épigramme suivante (M.). - Charge contre un malheureux démographe qui avait sévi dans la Gazette.
F.Fr.13652, p.231 - Mémoires secrets, XXIV, 215-16
Epigramme sur M. Marin, rédacteur de la Gazette de France (F.Fr.13652)
Epigramme
Mémoires secrets, IV, 177 - Choix d'épigrammes, p.162
Autre version : $7043
Epigramme en acrostiche
Mauvais ami, plus mauvais citoyen1
,
Ardent au mal, de glace pour le bien ;
Vil excrément, rebut de la nature,
Pétri de fiel, d’orgueil et d’imposture ;
Ennemi-né des soutiens de la foi :
On reconnaît à semblable peinture
- 117 juillet – Après avoir flétri dans une épigramme sanglante le valet, on attaque aujourd'hui le maître anonymement ; en voici une autre en acrostiche, répandue contre le chancelier (M.).
Mémoires secrets, IV, 157
Epigramme
De deux coquins qu’on allait pendre
L’un était blond et l’autre brun1
;
Le bourreau n’avait pris de corde que pour un.
Laissons le blond, dit-il, il peut attendre :
Amusons le public qui vient ici se rendre
Pour avoir le plaisir de voir pendre Le Brun.
- 114 juillet - Cette mauvaise épigramme paraît dirigée contre un nommé Le Brun, ex-jésuite, secrétaire intime de M. le chancelier et son âme damnée, auquel on attribue la plupart des préambules des édits, etc. (M.).
Mémoires secrets, IV, 156