Plainte à Messieurs de l'Académie française
Plainte à Messieurs de l’Académie française
L’ombre de Richelieu doit citer les quarante,
Commment soutiendront-ils l’aspect de Rhadamante ?
Il est triste d’avoir pour son accusateur
Celui qui par ses dons fut votre fondateur ;
Vous voici donc, dira ce ministre implacable ;
De reproches honteux la France vous accable ;
Je vous avais créés pour la gloire des rois,
Et quand il faut parler vous n’avez plus de voix !
Bois-Jourdain, II,202-04
Dans la suite de $3188
Epigramme sur l'Empereur lors de la guerre de 1735
Épigramme sur l’Empereur, lors de la guerre de 1735
Selon vous, cher Damon, l’Empereur sans appui1
,
En perdant ses États doit être fort en peine.
Ses États ? depuis quand ? Comment sont-ils à lui ?
Il en peut perdre encore une douzaine,
Sans perdre que du bien d’autrui.
- 1Cet empereur est Charles VI ; il soutint l’élection au trône de Pologne de Frédéric-Auguste, électeur de Saxe, qui avait épousé sa nièce, contre Louis XV qui voulait y maintenir Stanislas Leczinski dont il avait épousé la fille (M.).
Bois-Jourdain, II,171
Sans titre
Quatrain attribué à Rousseau
Trois déesses jadis par leur division
Mirent en feu l’Asie entière ;
Trois reines aujourd’hui par leur ambition,
Font de l’Europe un cimetière.
Réponse
L’auteur de ce quatrain nous triche ;
Ou bien il connaît mal la source de nos maux.
Qu’ont fait nos reines ? Rien ! l’audacieuse Autriche
Seule a plongé l’Europe en des troubles nouveaux.
Sur des biens usurpés sa puissance établie,
A sous un joug avare opprimé l’Italie ;
Bois-Jourdain, II,169-70
Le Te Deum de l'Europe
Le Te Deum de l’Europe
Ô! Louis, ô parfait modèle
De la véritable grandeur !
Entends l’Europe qui t’appelle
Et te reconnaît pour seigneur.
Non que tu veuilles un vain titre ;
Mais n’es-tu pas le roi des rois,
Quand ils t’ont nommé pour arbitre,
Quand tu rends à chacun ses droits ?
Par toi, Saxe, Bavière, Prusse,
Ont déjà recouvré leur bien :
Tout se répare et jusqu’au Russe
A repris un juste lien.
Ô! vertu ! qui ne met sa gloire
Bois-Jourdain, II,150-51
Pour la reine de Hongrie
Paraphrase du Psaume III : Domine, quid multiplicati sunt, etc.
pour la reine de Hongrie
Toi, dont la suprême puissance,
Par d’impénétrables ressorts,
Des ennemis de l’innocence,
Fais échouer les vains efforts ;
Grand Dieu, si ta bonté propice
Se déclare ma protectrice,
Je prends courage et ne crains plus ;
En vain ma perte est projetée,
Ceux qui la comptaient assurée
Ont fait des efforts superflus.
Quoi ! seigneur, une ligue énorme
Bois-Jourdain, II,1146-49
Épitaphe
Le Paraguay si j’échappais,
Le Paradis si j’en mourais,
M’étaient promis par les jésuites !
Fiez-vous à ces chattemites :
Malgré leurs passeports, dans l’enfer me voilà
Côte à côte de Loyola.
CLK, mars 1757, t.I, p.99
Voici une épitaphe qu’on a faite de Damiens (CLK)