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Noëls de l’année 1717

Noëls de l'année 17171

Toute la cour de France,
Les grands et les petits,
Apprenant la naissance
Du Dieu du paradis,
S'en vont à Bethléem, le Régent à leur tête,
Qui voyant le poupon,
Don don,
Est-ce donc pour cela,
La la,
Qu'on fait si grande fête ?

Il lui dit : Roi sans armes,
Je ne crains rien de toi.
Je ne prends point d'alarmes
D'un vain titre de roi,
Mais si tu prétendais au trône de mes pères,
J'en aurais bien raison,
Noailles que voilà
Me tirerait d'affaires.

Roi, pendant ton enfance,
Si je suis ton régent,
En Judée comme en France,
Je raflerai l'argent.
Je mettrai du conseil le bœuf, l'ânon, Noailles,
L'embryon Saint-Simon,
Qui son rang soutiendra,
Partout hors les batailles.

Apercevant Marie,
Si gracieuse à voir,
Il lui dit : Je vous prie
A souper pour ce soir ;
Venez chez la Berry, vous ferez bonne chère.
Nous nous enivrerons,
Nocé2 même y sera,
Et sans la Parabère3 .

Plus grave qu'un Socrate,
Le chancelier4 entra,
Et Fleury, son Achate5 ,
Près de lui se montra :
De vous et du Régent, je ne veux que la grâce,
Mais à condition
Qu'on ne me donnera
Que la plus efficace.

D'un ton de pédagogue
Il dit au Dieu naissant :
Contre la synagogue
Arme ton bras puissant,
Renverse pour jamais cette Église profane,
Fais grâce à nos canons,
Et n'endommage pas
L'Église gallicane.

Maigre de politique,
Tallard s'est approché,
En disant : La critique
Deux ans m'a desséché.
Je frondais justement tout ce qu'on fait en France,
Mais j'ai changé de ton,
Depuis six mois en ça,
J'admire la régence.

A Jésus-Christ d'Huxelles,
Qu'il ne croit nullement,
Dit : Foin de nos cervelles !
Foin du gouvernement !
Ce diable de Régent veut tout perdre, ou je meure,
Par là, morbleu, quittons ;
Content de ce trait-là,
Ce maréchal demeure.

Suivi de sa cohorte,
Saint-Simon hobereau,
S'écria dès la porte :
Eh ! quoi ! point de carreau6  ?
Nous voulons soutenir les droits de la pairie,
Ici nous protestons,
Et n'adorerons pas
Le Dieu fils de Marie.

Sur le bruit que des anges
Paraissaient en ces lieux,
Et chantaient les louanges
Du souverain des cieux,
Canillac7 , empressé d'aller à leur rencontre :
Où sont ces beaux garçons ?
Je ne les vois point là,
Vite, qu'on me les montre.

Au fond de la cahute,
Vient l'évêque de Laon8 ,
Qui dit : Sur la dispute,
Seigneur, voici mon plan :
Je ne prends point parti, comme font tous les nôtres,
Car tantôt je dis non
Et puis après oui-da,
Suivant qu'il plaît aux autres.

Arrivant d'Angleterre,
L'ambassadeur Dubois9 ,
En mettant pied à terre,
Aperçut les trois rois.
Faisons vite un traité, dit-il, avec ces princes ;
Offrons des millions ;
Sils ne suffisent pas,
Lâchons quelques provinces.

Grosse à pleine ceinture,
La féconde Berry
Dit en humble posture,
Et le cœur bien marri :
Seigneur, je n'aurai plus des mœurs aussi paillardes ;
Je ne veux que Riom,
Quelquefois le papa,
Par ci par là mes gardes.

Des premiers à la crèche
Arriva Mortemart10 ,
Avec mine très sèche
Et farouche regard,
Disant : Je veux ici me garder de surprise ;
Les bâtards y viendront,
Et je ne prétends pas
Leur cèder la chemise.

Il vit le boeuf et l'âne,
Les prit pour ducs et pairs,
Dit : Pour eux, Dieu me damne,
Tous les huis sont ouverts.
Tout doit dépendre ici de mon pouvoir suprême ;
Mineur est le poupon.
Si Joseph ne veut pas,
Je l'interdis lui-même.

D'un air de saltimbanque,
Noailles s'avança,
Les plaintes sur la banque
A Jésus adressa.
Lui dit : C'est à moi seul de régir la finance.
Law est un grand fripon,
Qui, bien mieux que Judas,
Mérite la potence11 .

Le grand ministre12 arrive:
En rusé podestat,
Je veux que chacun vive
Heureux dans son état.
Je vous offre un teston, c'est très grosse finance ;
Papa, mère, poupon,
Vivez bien de cela ;
On vit de rien en France.

Quiconque me pratique,
Me trouve universel.
Je passe en politique
Le grand Machiavel13 .
On doit attendre tout de mon savoir extrême.
Quand je prends le timon,
Je gouverne un État
Par un nouveau système.

Mais lorsqu'il vit l'offrande
Des mages d'Orient,
Il dit : Elle est trop grande
Pour un petit enfant.
Tout l'encens m'appartient, car il faut qu'on m'admire.
L'or est mon lot mignon,
Il en demeurera,
Je lui garde la myrrhe.

J'amène un homme rare,
C'est mons Boulainvillier,
Qui dignement répare
La perte de Boyer14 .
Si l'on doit employer, pour abréger ta vie,
La croix ou le poison,
Il te le prédira
Bien mieux que Jerémie.

Grand Dieu, sur ton exemple,
Chacun doit se mouler ;
Or, on dit que le temple,
Par ta main doit crouler,
Qu'en trois jours tu sauras de nouveau le construire.
Donne-moi des leçons
Sur ce dernier point :
Je ne sais que détruire.

Je sais quelque rubrique
Pour amasser du bien.
Ce temple magnifique15
Coûte trop d'entretien,
Puisqu'il doit être un jour enseveli sous l'herbe. 

L'oracle prévenons,
Que d'Antin jette à bas16
Ce bâtiment superbe.

Si votre Palestine
Refuse les tributs,17 ,
Si quelqu'un se mutine,
Voici quel est mon but :
J'enverrai Montesquiou pour faire la patrouille,
Et nous dépêcherons,
Pour mettre le holà
Rohan et La Trémouille18 .

J'aime votre personne,
Et je veux votre bien ;
Il faut que je vous donne
La petite d'Ayen19 .
Mais signez promptement, je crains qu'on ne vous parle.
Je vous donne un million,
Et l'on vous payera
Comme le prince Charles20 .

La maréchale21 crie
Et dit : Je prétends bien,
Pour l'avoir, qu'il nous prie,
Et ne lui donner rien ;
De tout le revenu je ferai la recette,
Et nous lui donnerons
Quelques billets d'État
Pour acquitter ses dettes.

Quoiqu'elle soit cadette,
C'est pour vous grand honneur ;
Elle sera parfaite,
Comme l'on voit sa soeur,
Qui surpasse à treize ans, dont chacun la révère,
En modeste façon,
Pudeur, et coetera,
Ses tantes et sa mère.

La mignonne s'avance,
Et d'un ton irrité,
Dit : J'ai de la naissance ;
Le rang et la beauté
Ne me suffisent point, Seigneur, et je me damne ;
Otez-moi mon oison,
Allongez ce qu'il a,
Et faites-en un âne.

De toi seul, mon cher maître,
Dit son oncle irrité22 ,
Je veux bien reconnaître
L'infaillibilité.
Quant au pape Clément, qui se dit ton vicaire,
S'il ne change de ton,
S'il ne s'explique pas,
Qu'il s'aille faire faire.

Je t'offre un secrétaire,
Issu des rois du Nord,
Dit Torcy, pour te plaire.
Je ferai cet effort ;
Un paysan de Reims cria : Quel fourbe insigne !
Moi qui suis vigneron,
J'ai vu son grand-papa
Travailler à ma vigne23 .

Les princes sont en peine ;
Que donner à l'enfant,
N'ayant pour toute étrenne
Que la myrrhe et l'encens ?
N'osant lui procurer des billets en usage24 ,
Car le bœuf et l'ânon
De tous ces billets-là
N'auraient point de fourrage.

Pour nettoyer l'étable,
D'Efffiat se présenta25 .
Du boeuf si secourable,
Le foin il emporta.
Il en eût fait autant de toute la mangeaille,
Mais l'âne, haussant de ton,
En son patois cria :
Eh ! laisse-nous la paille.

Chef du conseil de guerre,
Villars se présenta,
Qui d'une mine fière
Au petit Dieu parla :
Contre vos ennemis, je vous prends sous ma garde,
Mais à condition
Que l'on me payera
Nombre de sauvegardes.

La petite du Maine
Se rend près du poupon.
Son cardinal la mène26 ,
Disant d'un grave ton :
Si nous nous admirons, ce n'est pas sans justice,
Faisant vers et chansons.
Puis je vous fais cela,
Par droit de bénéfice.

Son visage lubrique,
Du Coudrai leur montra,
Et sa troupe comique,
Au Sauveur présenta
En l'habit du docteur. Venez, lui dit la mère,
Réjouir le poupon ;
Prenez cet emploi-là,
N'ayant plus rien à faire.

Rouillé, d'un ton rustique,
Voulut faire un discours,
Mais un hoquet bachique
En arrêta le cours.
Vous n'êtes qu'un vieux fou, dit Jésus en colère.
Qu'on chasse ce cochon,
Il dégobillera
Dans le sein de ma mère.

A cet enfant aimable,
Le bon Montesquiou
A dit d'un air affable :
Je veux boire avec vous.
Je vous régalerai sans qu'il en coûte guère.
J'ai des provisions
Faites pour les États,
Qui sont encore entières27 .

Un discours oratoire
Bourbon28 avait appris,
D'un défaut de mémoire
Il fut alors surpris.
Et, ne pouvant trouver ce qu'il avait à dire,
Il tira son brouillon,
Mais à tous il montra
Qu'il ne savait pas lire.

Bref, il lui dit en face :
Tu descends de Tamar ;
Je sais que dans ta race
On voit plus d'un bâtard.
Tu ne peux exercer la puissance royale
Sans attaquer de front,
Comme dit Fortia29 ,
La loi fondamentale.

Apercevant Bouzole30 ,
Joseph lâcha ces mots :
Voilà, sans hyperbole,
L'image du chaos,
Débrouille, si tu peux, cette masse grossière ;
Cette opération,
Plus d'honneur te fera,
Que ne fit la première.

La Scarron31 au Messie
Fit cet acte de foi :
Seigneur, toute magie
Va tomber devant toi,
Excepte un talisman, par qui, vieille guenipe,
Je plus au grand Bourbon;
De moi Noailles l'a
Pour asservir Philippe.

Le chancelier au gîte
Vit la mère et le fils :
Sortez, dit-il, bien vite
De ce vilain taudis.
Du fameux publicain ma dévote prudence
A gagné la maison.
Je crois qu'elle sera
A votre bienséance.

De Noailles à sa suite
Traînait le chancelier,
Enflé de son mérite,
Plus grave qu'un chapier.
Regardez, dit-il, sa mine fière et rogue ;
Pour moi, c'est un mouton
Pour qui m'attaquera ;
Il mordra comme un dogue.

A la crèche arrivée,
La charmante Conti32
Parut fort étonnée
D'y voir La Fare aussi.
L'enfant, qui connaît tout, dit :
Gardez-vous bien, ma mie,
De servir ce mignon ;
Le bossu33 le saura,
Il vous fera la vie34 .

Arrivant de la chasse,
Bourbon vint en ces lieux ;
Je ne suis point les traces,
Dit-il, de mes aïeux ;
lls n'étaient occupés que de pures vétilles,
Forçaient des bastions,
Conquéraient des États,
Moi j'entretiens des filles.

Condé, maintes batailles
Gagnait au champ de Mars,
Renversait des murailles
Et forçait des remparts.
Bourbon, son petit-fils, mérite un grand éloge ;
Ce digne rejeton,
En trois jours emporta
Bravement une loge.

Présentant leur offrande,
Les bâtards très soumis,
Dirent : Tu nous commandes
D'aimer nos ennemis.
Qui suit mieux que nous deux cette sainte ordonnance ?
On nous fait mille affronts,
Nous souffrons tout cela ;
A toi seul la vengeance

La petite du Maine
Entendant leurs discours,
S’emporte, se déchaîne,
Arrache ses atours,
Et dit : Je ne veux point suivre cet Évangile ;
La France révoltons,
Et faisons dans l’État
Une guerre civile35 .

Quand la Samaritaine36
Aperçut le Sauveur,
Qui pénétra sans peine
Le secret de son cœur,
Elle sentit alors un repentir extrême ;
Son hôtesse, Bourbon,
Pécheresse arriva,
Et retourna de même.

Le bon Joseph s’écrie,
En voyant la Torcy37  :
Seigneur, rends donc la vie 

A ce cadavre-ci !

Il sent déjà mauvais ; si ta main le répare,
Sa résurrection
Un sûr garant sera
Pour ton ami Lazare.

En secouant la tête
Arrive Villeroy,
Qui dit que l’on s’arrête,
C’est de la part du roi.
Il fait mil compliments, qu’assez mal il prononce,
Puis mille questions ;
Mais il ne donnait pas
Le temps de la réponse.

J’arrive avec grand-peine,
Messieurs, je suis à bout,
Dit Villars hors d’haleine ;
Mais puis-je être partout ?
J’étais embarrassé d’ordonnances guerrières,
Et Guiche38 , ce poltron,

Quand je ne suis pas là,
Me taille des croupières39 .

Ma foi, que la Bretagne
Agisse bien ou mal40 ,
Je vais à ma campagne,
Dit monsieur l’amiral41 ;
Je prendrai force cerfs, les suivant à la piste.
Mon occupation,
A mon retour sera
D’en écrire la liste.

D’un air de hardiesse
Entra le duc d’Antin,
Disant : A ma souplesse
Je dois tout mon destin.
Pour conserver mes jours,
J’évitais les batailles,
Puis je me fis larron,
Et trompai çà et là,
En jouant à Versailles42 .

Je fis assez connaître
Que je n’étais pas sot,
Quand, pour plaire à mon maître,
Je jouai le dévot ;
La mode ayant changé, ferme dans mon principe,
Je me fis sans façon,
Sitôt qu’il gouverna,
Maq… de Philippe.

J’ai vécu sans reproche,
Dit Conti ; jusqu’ici
Ma Minerve La Roche
Au moins le dit ainsi ;
J’ai vaincu Crèvecœur43  ; La Moussaye44 et tant d’autres45
S’il faut pour votre nom
Livrer de tels combats,
Seigneur, je suis des vôtres.

La main dans la ceinture,
Le chancelier entra ;
L’Auteur de la nature
Humblement adora.
Puis faisant un soupir, lui dit d’un ton sinistre :
Je n’ai point d’ambition,
Mais ne devrais-je pas
Être premier ministre ?

Ainsi que mon ancêtre46 ,
Dit de Mesmes47 à son tour,
Je suis et je veux être
Du parti de la cour48 .
Le parlement fera parfois des remontrances
Pour le qu’en dira-t-on,
Puis enregistrera
Toutes les ordonnances.

Seigneur, pour la police,
Dit Voyer49 à Jesus,
Je t’offre mon service ;
Il n’est pas de refus.
Comme un homme d’honneur jamais ne dissimule,
C’est à condition
Qu’avec tous mes goujats
Je ferrerai la mule50 .

Nompar, d’un air de cuistre51 ,
Lui dit : Je suis ton fait,
S’il te faut un ministre
En tout genre parfait.
Les cérémoniaux, jour et nuit j’étudie ;
J’ai fait des missions,
Quelques vers d’opéra
Et maintes comédies.

Avec mine pédante,
Le docte abbé Dangeau52 ,
Au fils de Dieu présente
Son alphabet nouveau ;
Lui dit : Je t’apprendrai les étymologies,
Les termes du blason,
Et des rois de Juda
Les généalogies.

Cet ecclésiastique,
Répond son frère aîné53 ,
Est homme méthodique,
S'il en fut jamais né.
Pour moi, j’avais acquis quelque gloire au Parnasse.
Puis d’un doucereux ton,
Ses vers il récita,
Et parla de sa race54 .

Puis la jeune duchesse55 ,
Avec tous ses appas,
Vint avec allégresse,
En tenant
Duchallat56 .
Chacun dit, les voyant assortis l’un à l’autre :
Gardez votre union ;
Personne n’enviera
Un bien tel que le vôtre.

Juif, Arabe, corsaire,
Estrées57 vint brusquement,
A Jésus débonnaire
Faire son compliment.
Joseph oyant sonner maintes et maintes pistoles,
Crut qu’il ferait un don ;
Mais le Juif s’en alla
Sans donner une obole.

Après on vit paraître
Le boiteux du Fay58 ,
Qui, jusqu’au divin Maître,
Voulut railler aussi.
Mais on lui dit : Sortez et fuyez le Messie ;
Car, s’il prend un bâton,
Il vous étrillera,
Pour vos chansons hardies.

Rempli de confiance,
Louvigny59 arriva;
Chacun dans l’assistance
Aussitôt le hua.
Mais, entendant le bœuf mugir et l’autre braire,
Eut peur du carillon,
Et puis il détala,
Croyant être à la guerre.

Après eux dans l’étable
De Rohan le prélat,
Avec un air aimable,
D’assurance harangua :
Je ne sais pas pourquoi chacun se scandalise ;
Si je sers Cupidon,
En France c’est l’état,
Des princes de l’Église.

Avec grand bruit s’avance,
Tout couvert de lauriers,
Le héros de la France60 ,
Suivi de maints guerriers.
Quoi donc, Noailles ici veut occuper ma place ;
Chassez ce Pantalon,
Seigneur, ne souffrez pas
Qu’on prenne de vains titres.

Je suffirais en France.
Pourquoi tous ces conseils ?
J’ai mérité, je pense,
Le nom d’universel.
Les Turenne et Condé, de beaucoup je devance ;
Toutes leurs actions,
Au prix de mes combats,
Ont peu servi la France.

J’entends vanter Eugène61 ,
Je l’ai toujours battu,
Mon ascendant suprême
Au piquet a paru.
A Rastadt par moi seul, on vit la paix en France.
Et tant de millions
Pris au Palatinat
M’ont instruit des finances62 .

Tu es Dieu des armées,
Moi, j’en suis président !
Pourquoi donc l’autre année
Souffrir que le Régent
M’ait empêché d’avoir aussi mon sceau en France ?
Jamais commission
N’aurait sorti de là
Sans acquit de finance.

Soutiens donc ton vicaire,
Sans cela le Régent
Ne me craindra plus guère,
Même moins que Clément,
L’infaillibilité m’est due comme au Saint-Siège.
Méprisant mes canons,
Un petit avocat63
M’a fait lever le siège.

Un aigrefin s’offense
D’un style sans façon,
Targué de sa naissance,
En demande raison.
Jamais aucun Clermont64 , nom fort illustre en France,
Ne le prit sur ce ton,
Et ne le disputa,
Aux maréchaux de France.

En mortier et soutane,
Par la foule pressé,
Entre le bœuf et l’âne
Lamoignon65 fut placé,
Il s’en plaignit tout haut à notre divin maître,
Qui plus doux qu’un mouton,
Aussitôt répliqua :
Où pourriez-vous mieux être ?

Suivi de ses deux pages
Et vêtu de velours,
D’Auvergne66 avant les mages
Vint se mettre à genoux,
Confiteor, Seigneur, mes péchés de jeunesse,
J’en demande pardon,
J’en dis : Mea culpa,
Je quitte mes maîtresses.

Plaignez mon aventure,
Dit-il, en soupirant,
Moi seul, sans prélature,
Je reste au dernier rang.
De Castre et Caumartin, n’a-t-on pas mis en place,
D’Estrées et Massillon67 ,
Et les autres paillards,
De notre même classe ?

Si de la prélature,
Tu étais honoré,
Tu lui ferais injure,
A dit le nouvea-uné.
Retire-toi d’ici, avec ta mine sèche,
Tu fais peur à l’ânon,
Le bœuf se sauvera,
Fais Gille et te dépêche.

Changeons donc de système,
Faisons-nous circoncir,
Renonçons au baptême,
Ainsi qu’à l’avenir ;
Du Grand Turc ottoman, je serai le pontife,
Au temple de Manon,
Je serai le prélat
F… des bénéfices68 ,

Des honneurs de l’Église,
Dit le Régent, hélas !
La seule paillardise
Ne vous exclurait pas :
Je ne condamne pas le goût des jansénistes,
Je passe les Manons,
Mais je ne puis là là
Souffrir les gens c…

En très humble posture,
Frédéric s’avança69
Au Dieu de la nature,
Un placet présenta ;
Soutenez-moi, Seigneur, contre la tyrannie,
D’un parent de mon nom ;
Tout mon bien il prendra,
Même mon abbaye.

Polignac seconde
Le petit Moucheron70 ,
Lui dit : Faut de la Fronde,
Nous faire les patrons,
Afin d’exterminer le Régent et sa race,
Ainsi que les Bourbons,
Puis après tout cela
De régner à leur place.

J’y consens, dit du Maine,
Mais je ne suis pas né
D’un roi ni d’une reine,
Car le fait est prouvé
Qu’avant que ma maman se livrât au monarque,
De Lauzun un poupon
Dans les flancs lui coula71
C’est chose de remarque.

J’enrage dans mon âme
D’être fils de p…
Voici le bœuf et l’âne,
Contons-leur mon chagrin :
Messieurs, pour cet effet, venez manger ma soupe,
Bon foin, force chardons,
Quantité y aura,
Nous tremperons la croûte.

Entendant la semonce,
Joseph s’est écrié :
Qui t’a, fagot de ronce,
Aussi mal fagoté ?
Quoi ! tu prétends ici suborner ces deux bêtes !
Nous t’en empêcherons, `
Et Dieu t’en punira
Par cornes à la tête.

Vous prenez mal la chose,
Bonhomme, écoutez-moi,
Nous avons même cause
L’Enfant Jésus et moi ;
On dit qu’il est bien fils de la Vierge Marie,
Mais on a grand soupçon,
Qu’il n’est point de Juda
De la race sorti.

Je voulais faire entendre
A ces deux animaux
Que Jésus pouvait rendre,
Sur des écrits nouveaux
Un édit qui cassât celui de la Régence72
J’offrais un million.
Place au conseil d’État,
Pour ces deux révérences.

Par un nouveau système
Je prétends revenir
Contre l’édit suprême
Qui veut m’anéantir ;
Je soutiendrai partout le droit de ma naissance,
J’empêcherai Bourbon,
Quand le cas écherra,
De gouverner la France.

Courant à toute outrance,
Bourbon au nouveau-né
A fait sa remontrance
D’un air tout courroucé !
Défendez donc, Seigneur, la chasse à la canaille :
Je jure par Pluton,
Si tu ne le fais pas,
D’envoyer tout au diable.

A cette pétulance
Joseph a répondu :
Pour ton irrévérence,
Contre l’Enfant Jésus,
Tu seras désormais privé de toute chasse ;
D’autre punition
A présent tu n’auras,
Pour punir ton audace.

Jésus, las de sornettes
Et les voulant finir,
Dit à Joseph : Arrête
Ceux qui voudront venir.
Il est temps de manger en repos ma bouillie,
Le prenant sur ce ton Don don,
Ils ne finiront pas La la.
De conter leurs folies.

Au fond de la cahute73
La Berry vint aussi,
Mais apercevant l’âne
Qui montrait son outil
Ah, dit-elle à l’instant, seigneur, je te conjure
Accorde à mon Riom74 don don
De l’âne que voilà la la
La puissance et mesure.

Qu’entre nous deux, mon frère,
Dit d’Estrées le prélat75 ,
Je n’ai pu rendre mère
La femme que voilà.
Et vous, sans aucun homme, adorable pucelle,
Qu’ayez fait ce poupon don don
C’est ce qui n’entrera la la
Jamais dans ma cervelle.

Rochefoucauld la belle
Dit d’un air humble et doux,
J’aurais été fidèle,
Seigneur, à mon époux,
Mais à notre Régent il fallut bien se vendre.
Il me tenait le… don don,
Et sa fille les bras la la
Pouvais-je me défendre ?

Il faut que tu guérisses
Bourbon, dit Madaillan76 ,
Comme l’hémoroïsse
Elle perd tout son sang
Depuis qu’elle avorta, son ventre se démanche
Dessous son cotillon don don
Un flux toujours coula,
De sang ou de fleur blanche.

On suivait à la trace
La Villars au berceau
Joseph fit la grimace
En voyant ce ruisseau.
Seigneur Dieu, cria-t-il, malheur à qui vous sonde
Et sous votre jupon don don
L’amiral périra la la
Dans une mer profonde.

En dévote posture
La Maillebois entra
Disant, l’on nous assure
Que Jésus guérira
Le mal contagieux que l’on nomme vérole
Je demande pardon don don
Mais Richelieu en a la la
Je donne ma parole.

Comme une écervelée
Ensuite elle chercha

dans toute l’assemblée
Dombes qu’elle lorgna,
Exauce-moi, Seigneur, dit-elle avec instance
Presse ma guérison, don don
Qu’il me fasse cela la la
Malgré mon indolence.

Eprise de ses charmes
Aussitôt à l’enfant
Racontant ses alarmes
Très justes dans ce temps
Elle dit à Joseph, prends pitié de ma peine
Garde-moi ce poupon don don
Et que ces catins la la la
Avec eux ne l’emmènent.

Sa sœur la Rupelmonde,
Rougissant du propos
Dit, pourquoi dans le monde
Annoncer tous ces maux
Il faut dissimuler, c’est ainsi que je pense
Valquie me prend le… don don
Aucun ne sait cela la la
Jamais de confidence

Mais Conti passant outre
Alors dit à l’enfant :
Ma femme se fait…
Peut-être dans l’instant.
Un miracle, Seigneur, me tirerait de peine
Otez-lui le… don don
Tant qu’il lui restera la la
Je serai à la gêne.

Oh la belle campagne77
Qu’a faite Montesquiou
Il part pour la Bretagne
Suivi de ses poiloux
Il arrive aux Etats précédé de ses gardes.
Ma foi, pauvres Bretons, don don
Voici votre Attila la la
Du Gascon Dieu vous garde.

Entrant dans la séance
D’un pas majestueux78
Il faut votre finance,
C’est le vouloir de Dieu.
Accordez-moi du temps et soyez plus traitable
Nous boirons sur ce ton don don
On vous l’accordera la la
Et surtout longue table.

Vous aurez longue table,
Mais il faut de l’argent
Je serai peu traitable
Si je n’ai du comptant
J’ai lettre de cachet pour qui sera rebelle
De plus un mousqueton don don
Qui jamais ne rata la la
Si l’histoire est fidèle.

La Forcadel79 entrée
Sans attendre son tour
A dit à l’asssemlée :
Je suis dame d’atours
A l’enfant que voilà il faut une layette.
Il n’a pas un chiffon don don
Quelle honte est-ce là la la
Si l’on paye j’achète.

Alors Mouchy80 s’avance
Et dit à demi-bas :
La belle extravagance,
Vous n’y pensez donc pas.
Que peuvent ces gens-là au conseil des finances ?
Ayez du moins l’ânon
Et le bœuf que voilà la lal
En gage par avance.

Pour célébrer la fête
Du saint accouchement
Le Régent à la fête
Va bien dévotement
Jésus lui dit : sortez avec votre faux zèle
Pourquoi tant de façon don don
Vous qui ne croyez pas
A la vie éternelle.

Ce duc n’osant paraître
Après ce compliment
Allait à la fenêtre
Criant à tous venants
Soyez mon protecteur près la divine enfance
J’ai dix mille actions don don
On les escomptera la la
Pour notre récompense.

Le parlement se montre
Par un coin du pignon
Jésus dit, hé ! quel monstre
Entre dans ma maison.
Je n’y vois que des bras, des jambes, de tête point
Dessus cet horizon don don
Jamais on ne verra la la
Une semblable bête.

Sans rendre son hommage
A ce petit enfant
D’Estrées81 s’adresse aux mages
Arrivés d’Orient
Disant, votre pays en café est fertile
J’en demande du bon don don
Pour aller de ce pas la la
Le vendre par la ville

Vauvray, leste et pimpante,
Amène Falaris,
A Jésus la présente,
Puis faisant un souris
Dit, que fait le Régent?

Il diffère trop longtemps.
Enin chez le poupon, don don

Le Régent arriva la la
Mais avec Parabère.

 

D’un air de confiance

Arrive Verthamon82 ,

Faisant la révérence

À ce petit poupon

Et tenant en sa main la Bulle enregistrée83

Dit malgré cet oison

Don don

Avec ces Messieurs-là,

La la,

L’affaire est décidée.

 

Avec un air avide

La Force s’écria

La pauvreté réside

Parmi tous ces gens-là

Comment réaliser dans un lieu si rustique ?

Ah ! du moins  achetons

Don don

De l’assia fetida

La la

Pour en lever boutique84 .

 


Saisi de la froidure85
Joseph souffle en ses doigts
Et cependant murmure
De voir le Roi des Rois
N’ayant pour s’échauffer que les seules haleines
Du bœuf et de l’ânon don don
Tandis que d’Antin a la la
De bois ses caves pleines2.

 

On voit avec hardiesse
Fonpertuis s’approcher
Tout fier de ses richesses3,
Quoique fils d’un boucher, 
Mais le bœuf par instinct un coup de pied donna
Dans l’appréhension don don
Qu’il ne vînt exprès là la la
L’assommer d’une hache.

On cria place, place
A la Faye et Lassé.
Ce dernier plein d’audace
Dit d’un air empressé
Sans craindre du retrait le fléau redoutable :
Amis, réalisons, don don
Il faut acheter là la la
Et la crèche et l’étable.

 

Avec mine arrogante
Law parut en ces lieux,
D’une voix insolente
Il dit au Roi des cieux :
Seigneur, vous êtes gueux, tout ici-bas vous manque,
Prenez des actions don don
Et ne refusez pas la la
De faire un compte en banque.

On m’écoute en oracle
Chez le peuple français.
J’ai fait un grand miracle
Dans le cours de six mois
J’ai prouvé que l’argent n’était dans la finance
Que vaine illusion don don
Qu’on appelle en ce cas la la
Préjugé de la France.

 

Puis s’adressant aux mages86 ,

Appelle Melchior

Il dit : tu n’es pas sage

De présenter de l’or

Apprends qu’il est proscrit par un ordre suprême.

Change donc les testons

Don don

Contre ce papier-là

La la

Seigneur, c’est le système.

 

Le petit La Vrillière

Plein d’orgueil et de vent

Offre son ministère

Au saint poupon naissant

Faut-il courir pour vous ou porter quelque lettre ?

Je suis bon postillon

Don don

Dans ce seul métier-là

La la

Je sais servir mon maître.

 

Fleuriau vint en soutane87

À pas de président.

Je sais qu’on me condamne,

Dit-il au Parlement.

Seigneurs, écoutez-moi et pendant les vacances

J’ai pris la fonction

Don don

J’ai cru venir par là

La la

À régir la finance.

 

Les trois rois sont en peine
Pour adorer l’enfant
N’ayant pour toute étrenne
Que la myrrhe et l’encens
N’osant lui présenter les billets en usage88
Car le boeuf et l’ânon don don
Sur cette monnaie-là
N’auraient pas de fourrage.

 

Plein d’audace et de zèle,

Prélat contre les lois,

En vrai polichinelle

Parut l’abbé Dubois

Le boeuf s’épouvanta, l’âne effrayé recule

Dès qu’on eut dit son nom

Don don

Un chacun s’écria :

C’est Dubois, qu’on le brûle.

 

Seul exempt de reproche89
Le Blanc90 vint en ce lieu
D’abord à son approche,
Ami, dit l’enfant-Dieu
Toi seul avec l’honneur unit la politesse
Sans trancher du caton don don
Tu te distingueras la la
De cette indigne clique.

  • 1Nous publions cette longue pièce telle qu’elle nous est fournie par le Recueil Clairambault à l’exception toutefois de quelques couplets qui ne pouvaient être imprimés. Elle fournit un curieux exemple des développements successifs que les chansons ont souvent reçus en circulant manuscrites. Des personnages qui, dans le principe, n’étaient mentionnés qu’une seule fois, reparaissent à diverses reprises, par suite d’interpolations que le texte primitif a subies ; il en résulte pour l’ensemble quelque désordre et une certaine confusion, sans importance d’ailleurs, puisque les traits lancés contre les personnes sont tous indépendants les uns des autres. (R)
  • 2Nocé, fils de Fontenay sous‑gouverneur de Philippe d’Orléans, jusqu’au moment où l’abbé Dubois, qui ne l’aimait pas, l’eut fait exiler : « Il avait plu au Régent par la haine de toute contrainte, par sa philosophie tout épicurienne, par une brusquerie qui, quand elle n’allait pas à la brutalité, ce qui arrivait assez souvent, était quelquefois plaisante, sous le masque de la franchise et de la liberté, d’ailleurs un assez honnête mondain » (Saint-Simon.). - Il avait épousé Mlle de la Mésangère, mère du maître d’hôtel du roi. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 3Marie‑Madeleine de la Vieuville, comtesse de Parabère, l’une des maîtresses du Régent. « Elle est de belle taille et bien faite, dit Madame ; elle a le visage brun et elle ne se farde pas ; une jolie bouche et de jolis yeux ; elle a peu d’esprit, mais c’est un beau morceau de chair fraîche. — Elle est capable de manger et de boire et de débiter des étourderies, cela divertit mon fils, et lui fait oublier tous ses travaux. Ce serait très bien si elle n’était pas si ivrognesse. » Nocé avait été, paraît‑il, son amant pendant quelque temps, et il se montra fort jaloux lorsqu’elle le quitta. (R)
  • 4Le chancelier d’Aguesseau et le procureur général Joly de Fleury. (R)
  • 5Joly de Fleury, procureur général (Lyon BM, MSS 1552)
  • 6Coussin carré pour s’asseoir ou s’agenouiller. Le carreau était une prérogative des pairs, et l’on sait combien les questions d’étiquette avaient d’importance aux yeux de Saint‑Simon. (R)
  • 7M. de Canillac, dit la Caillette, mis par M. le duc d’Orléans, dans le conseil des affaires étrangères. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 8Louis‑Anne de Clermont‑Chatte de Roussillon. « Il était fort du monde et toutefois bon évêque, assez résidant et appliqué au gouvernement de son diocèse. Il s’était dignement et sagement signalé au commencement de l’affaire de la Constitution, mais le pauvre homme n’eut pas le courage d’essuyer la pauvreté dont il fut menacé. » (Saint-Simon) (R
  • 9L’abbé Dubois, ambassadeur à Londres, avait conclu le 4 janvier 1717, avec la Hollande et l’Angleterre le traité de la Triple alliance. (R)
  • 10Le duc de Mortemart, gendre du duc de Beauvilliers. (R)
  • 11Le duc de Noailles avait présenté Law au duc d’Orléans et s’en repentit bien après. (Lyon BM, MSS 1552) (R)
  • 12C’est encore du duc de Noailles qu’il est question ; il y a donc ici un passage interpolé. (R)
  • 13Nicolas Machiavel, célèbre écrivain politique italien, dont le livre du Prince a obtenu une légitime célébrité. (R)
  • 14Boyer Bandolle, empirique et chimiste. (M.) l’abbé Boyer, grand astrologue et tireur d’horoscopes. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 15Au sujet de Marly qu’on avait proposé de démolir (Lyon BM, MSS 1552)
  • 16Le duc d’Antin,surtintendant des bâtiments du Roi. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 17Le maréchal de Matignon envoyé en Bretagne pour contenir la noblesse prête à se soulever. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 18Deux francs poltrons (Lyon BM, MSS 1552)
  • 19Fille cadette du duc de Noailles. (R)
  • 20Le duc de Noailles avait marié sa fille aînée au prince Charles de Lorraine, qui obtint un brevet et de retenue de un million sur sa charge de grand écuyer. (R)
  • 21Duchesse de Noailles. (R)
  • 22Le cardinal de Noailles. (R)
  • 23Torcy était le neveu du grand Colbert, et l’on sait que Colbert était fils d’un marchand de drap de Reims à l’enseigne du Long-Vêtu. (R)
  • 24Lorsqu’on ne voyait que des billets de monnaie et des billets de subsistance sur lesquel on perdait plus de la moitié. (R)
  • 25D’Effiat, membre du Conseil des finances, « était un homme de beaucoup d’esprit et de manège, qui n’avait ni âme ni principe, qui vivait dans un désordre de mœurs et d’irréligion public, également riche et avare, d’une ambition qui toujours cherchait par où arriver et à qui tout était bon pour cela ». (Saint-Simon.) (R)
  • 26Le cardinal de Polignac. (R)
  • 27En 1717 aux Etats aucun gentilhomme ne voulut aller manger chez le maréchal de Montesquiou (F.Fr.15131)
  • 28Le duc de Bourbon. (R)
  • 29Chef du conseil de M. le Duc. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 30Le marquis de Bouzols, gentilhomme d’Auvergne, avait épousé la fille aînée de Croissy qui était fort laide. (R)
  • 31Mme de Maintenon vivait fort retirée à Saint‑Cyr, et tout à fait oubliée depuis la mort de Louis XIV ; c’est la première fois que les chansonniers parlent d’elle. Il est probable que ce fut la visite dont le czar l’avait tout récemment honorée qui ramena un instant l’attention publique vers elle. (R)
  • 32Madame de Bourbon.
  • 33Le prince de Conti.
  • 34« C’est une chose affreuse, écrit Madame, ce que la pauvre princesse de Conti a eu à souffrir de son mari, il était, quoique sans aucun motif, jaloux comme le diable. Elle ne savait jamais avec certitude où elle devait passer la nuit, quand elle s’était figuré qu’elle resterait à Versailles et qu’elle s’était arrangée en conséquence, il la menait à Paris ou à Chantilly ; elle était continuellement tourmentée comme une âme en peine. » Et Saint‑Simon ajoute : « Elle lui disait devant le monde qu’il n’avait que faire de vouloir tant montrer son autorité sur elle, parce qu’il était bon qu’il sût qu’il ne pouvait pas faire un prince du sang sans elle, au lieu qu’elle en pouvait faire sans lui. » (R)
  • 35C’est en effet la duchesse du Maine qui imagina et organisa la conspiration de Cellamare, destinée à renverser le Régent. (R)
  • 36Mme la duchesse, fille du Roi, loua la Samaritaine pour s’y baigner. (F.Fr.15131)
  • 37Mlle de Pomponne, femme de M. de Torcy
  • 38Le duc de Guiche, maréchal de France, et beau‑frère du duc de Noailles, fut fait président du conseil de guerre, qui avait pour chef Villars.  -– Le duc de Guiche, vice-président du Conseil de Guerre, qui pendant le voyage du maréchal en Provence avait détruit tout ce qu'il avait fait auparavant (F.Fr.15131) –  « Avec moins d’esprit qu’il n’est possible de l’imaginer, fort peu de sens, une parfaite ignorance, une longue et cruelle indigence et un grand usage du monde lui avait appris à se retourner. » (Saint-Simon.) (R)
  • 39Le duc de Guiche, vice-président du conseil de guerre qui pendant le voyage du maréchal en province avait détruit tout ce qu’il avait fait auparavant. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 40Pendant la tenue des Etats, aucun gentilhomme ne voulut manger chez le maréchal de Montesquiou. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 41Le comte de Toulouse. (R)
  • 42Il avait toujours mené grand train, et pour subvenir à ses dépenses, à défaut du secours de sa mère, qui l’oubliait volontairement, il s’appliquait au jeu et savait en tirer de fortes sommes. (R)
  • 43Le Prince de Conti obligea Mme de Crèvecoeur, femme de son premier écuyer, de sortir de l’Isle-Adam par les pièces qu’il lui jouait. (F.Fr.15131)
  • 44Mme de la Mussaye étant avec Mme la Princesse de Conti à la fenêtre, il lui jeta sur la tête une aiguière d’eau. (F.Fr.15131)
  • 45 Sans insister sur les victoires dont il est ici question, il nous suffira de dire, pour édifier le lecteur, que des exploits du même genre firent brûler Deschauffours en place de Grève. Voici d’ailleurs un dialogue en latin macaronique entre le grand Condé et son ami La Moussaye qui précisera l’allusion du chansonnier : Le prince de Condé / Carus amicus Mussaeus / Ah Deus bone ! quod temps ! / Landerirette ; / Imbre sumus perituri / Landeriri / La Moussaye / Securae sunt nostrae vitae, / Sumus enim Sodomite / Landerirette ; / Igne tantum perituri / Landeriri (R)
  • 46Ainsi que mes ancêtres (R)
  • 47Le président de Mesmes était un faux tribun qui jouait une comédie d’opposition pour se concilier les membres du Parlement mais en réalité se vendait au Régent en tirant de lui le plus d’argent possible. (R)
  • 48Le premier président de Mesmes, attaché à la cour, ainsi que son grand-père l’avait été du temps de la guerre civile (F.Fr.15131)
  • 49Marc‑René de Voyer d’Argenson, lieutenant de police. (R)
  • 50Ferrer la mule équivaut à la locution moderne : faire danser l’anse du panier. Voir l’origine de ce proverbe dans la Bibliothèque de la Cour, par Gayot de Pitaval. (R)
  • 51Nompar de Caumont, duc de La Force. Fait président du conseil des finances quand le marquis d’Effiat fut admis à celui de la Régence. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 52 Louis de Courcillon, abbé de Dangeau, membre de l’Académie française. « Les bagatelles de l’orthographe et de ce qu’on entend par la matière des rudiments, dit Saint‑Simon, furent l’occupation et le travail sérieux de toute sa vie. » Il eût voulu être le précepteur du duc de Bourgogne, et se consola difficilement de voir qu’on lui préférait Fénelon. Le bon abbé était quelque peu entaché de pédantisme, il avait parfois des idées bizarres : c’est ainsi qu’il imagina de mettre la chronologie sur des papiers rejoints en forme d’essuie‑mains, et de disposer la série des rois de France en forme de jeu de l’oie. (R)
  • 53Philippe de Courcillon, marquis de Dangeau, frère aîné du précédent, membre de l’Académie française. C’est à lui que l’on doit le précieux Journal historique du règne de Louis XIV, contre‑partie nécessaire de l’œuvre de Saint‑Simon, dans lequel les faits du grand règne sont racontés avec exactitude et précision Dangeau avait un certain talent poétique, d’après Mme de Sévigné, c’était lui qui enseignait à Louis XIV l’art de versifier. Ce fut lui aussi qui rédigea, avec une absolue discrétion, les lettres de Louis XIV à La Vallière, et les réponses de la duchesse au roi, jusqu’au jour où les deux amants s’étant fait réciproquement confidence de leur subterfuge, leur commerce épistolaire prit fin. (R)
  • 54Il était fort vain (F.Fr.15131).
  • 55La duchesse de Bourbon, femme de M. le Duc (R)
  • 56le marquis Duchallas (Lyon BM, MSS 1552) ou Du Cheila.
  • 57Le maréchal d’Estrées était président du Conseil de marine. « Ayant été fort longtemps pauvre, il ne s’épargna pas à se faire riche du temps du fameux Law, et y réussit prodigieusement, mais pour vivre dans une grande magnificence et fort désordonnée. » (Saint-Simon.) (R)
  • 58Charles‑Jérôme de Cisternay du Fay, étant lieutenant aux gardes, avait eu une jambe emportée par un coup de canon au bombardement de Bruxelles, en 1695, et dut quitter le service. « Heureusement il aimait les lettres, dit Fontenelle, et elles furent sa ressource. Il s’adonna à la curiosité en fait de livres, rechercha avec soin les belles éditions de tous les pays, les manuscrits qui avaient quelque mérite, outre celui de n’être pas imprimés, et se fit à la fin une bibliothèque bien choisie et bien assortie. » (R)
  • 59 Le duc de Louvigny, fils du duc de Guiche, était colonel des gardes françaises. (R)
  • 60Le maréchal de Villars, chef du Conseil de guerre. (R)
  • 61Le prince Eugène de Savoie. (R)
  • 62Le témoignage de Saint‑Simon vient confirmer celui du chansonnier : « Outre les sommes immenses qu’il avait tirées du Palatinat et des pays de Bade et de Wurtemberg, il poussa Broglie par la Franconie, Imécourt et La Vallière par l’autre côté du Danube. Il en eut des trésors par delà toute espérance. Gorgé ainsi au compte de l’Allemagne et de toute son armée, il n’espéra pas qu’un si prodigieux brigandage pût demeurer inconnu. Il paya d’effronterie, et manda au roi qu’il avait fait en sorte que son armée ne lui coûterait rien de toute la campagne, mais qu’il espérait aussi qu’il ne trouverait pas mauvais qu’elle aidât à le défaire d’une petite montagne qui lui déplaisait à Villars. Un autre que lui aurait été déshonoré d’une part, perdu de l’autre. Cela ne fit pas le plus petit effet contre lui, sinon du public dont il ne se mit guère en peine. Ses rafles faites, il ne songea plus qu’à se tirer du pays ennemi. » (R)
  • 63L’avocat Thierry. (M) (R)
  • 64 Clermont‑Chatte. (M.) (R)
  • 65L’ancien président de la Chambre de justice. (R)
  • 66L’abbé d’Auvergne. (M.) (R)
  • 67L’abbé de Castries, ancien aumônier de la duchesse de Bourgogne, fut nommé par le Régent à l’archevêché de Tours, l’abbé d’Estrées à celui de Cambrai ; l’abbé de Caumartin fut nommé à l’évêché de Vannes, et Massillon à celui de Clermont. (R)
  • 68 L’abbé d’Auvergne voyant qu’il ne réussit en rien, prend le parti marqué au couplet ci‑dessus. (M.) (R)
  • 69Le prince Frédéric, frère de l’abbé d’Auvergne. C’est contre lui qu’il se plaint au Seigneur. (M.) (R)
  • 70La duchesse du Maine.
  • 71Les prétendues relations entre Lauzun et Mme de Montespan ne reposent sur aucune preuve sérieuse. (R)
  • 72L’édit du 8 juillet 1717, qui, révoquant l’édit de 1714 et la déclaration de 1715, enlevait au duc du Maine et au comte de Toulouse leur rang de princes du sang. (R)
  • 73Tous les couplets qui suivent se trouvent dans Clairambault, et avaient été écartés par Raunié pour des raisons de décence. A noter aussi que $1213 se trouve inclus dans ce noël. Il est probable que Raunié l’a volontairement extrait, en quoi il avait raison (p. 370-71) (R)
  • 74Le comte de Riom, lieutenant des gardes de Mme de Berry, elle l’avait fait son premier écuyer et colonel du régiment de Soissonnais et gouverneur de Cognac. (Lyon BM, MSS 1552
  • 75L’abbé d’Estrées, archevêque de Cambrai, et le maréchal son frère, Mme de Noailles, femme du maréchal. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 76La Duchesse, fille du roi, et le marquis de Lassé (F.Fr.15131).
  • 77Vers 797-875 = Lyon BM, MSS 1552
  • 78Le maréchal de Montesquiou avait voulu entrer dans la salle avec ses gardes, mais on le fit sortir. (Lyon BM, MSS 1552
  • 79Mme de Forcadel, favorite de Mme de Berry, qui la fit dame d’atours ce qui fit retirer Mme de Bauveau, une des dames de compagnie. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 80Son mari (Lyon BM, MSS 1552)
  • 81Le maréchal d’Estrées avait gagné plus de deux millions au Mississipi ; il avait acheté tout le café qui était à Paris et à Marseille. (Lyon BM, MSS 1552)
  • 82Premier président du Grand Conseil
  • 83La Bulle Unigenitus fut enregistrée au Grand Conseil
  • 84Le duc de la Force avait, dit-on, acheté le suif et la bougie de la Compagnie des Indes.
  • 85Les cinq couplets suivants, absents de F.Fr.15131, se trouvent dans F.Fr6834.
  • 86Les cinq couplets suivants ne figurent pas dans F.Fr.1513, mais se trouvent dans F.Fr.0430.
  • 87D’Armenonville, garde des Sceaux.
  • 88Lorsqu’on ne voyait que des pièces de monnaie et de subsistance, sur lesquelles on perdait plus de moitié.
  • 89Ce dernier couplet se trouve bien dans FFr.15131.
  • 90M. le Blanc, secrétaire d’Etat de la Guerre, fort aimé des officiers.

Numéro
$0243


Année
1717 (Castries)




Références

Raunié, II,283-16 - Clairambault, F.Fr. 12696, p. 355-92 -Maurepas, F.Fr.12629, p.161-96 -  F.Fr.9350, f°96r-112r - F.Fr.9351, f°236r-245r  - F.Fr.12500, p.212-18 - F.Fr.12673, p.295-342 - F.Fr.1511, p.173-243 - F.Fr.15152, p.278-86 (couplets 1-12) - Arsenal 2930, p.263-308 - Arsenal 2935, f°22-23 - Arsenal 2937, f°150r (3 strophes), f°152r-155v (autres), 203r-204v (autres) - Arsenal 2975/3, p.14548 - Arsenal  3115, f° 170v-182v - BHVP, MS 670, f°19r-22r (16 couplets en désordre) - Mazarine, MS 2163, p.358-407 - Mazarine MS 2166, p.171-98 (nombreuses variantes) - Mazarine Castries 3982, p. 135-186 - Avignon BM, MS 1223, p.428-32 - Lyon BM, MS 1552, p.242-79 - Pièces libres de M. Ferrand (Londres, 1738) éd. de 1747, p.124-29 (incomplet)


Notes

 Arsenal 2975/3 date de "début 1718". - Noël de 1717 (Maurepas)

Ce n’est qu’avec une sorte d’horreur que je transcris la pièce suivante. La religion chrétienne en fournit l’occasion. Les moeurs et l’irréligion en ont fourni la matière (BHVP, MS 670)