Noëls sur les Dames de la Cour
Noëls sur les Dames de la Cour
Pour bien chanter la fête
De ce jour solennel,
Que le public s’apprête.
Amis, chantons Noël.
Chacun ici s’empresse
Pour voir le dieu fait homme
A ma relation don don
Quiconque a plus vu la la
Peut ajouter un tome.
Une troupe dévote
De Versailles arriva
En entrant dans la grotte
D‘abord s’agenouilla
Sans être remarquée
Que sert-il d’être sage
Dit-elle, retournons don don
A rester longtemps la la la
On perd son étalage.
Après l’on vit paraître
Les prudes de la cour.
Se distinguait entre elles
La princesse d’Harcourt.
Du Luc, Montchevreuil
Faisaient leurs personnages
Et même la Grammont don don
A l’enfant proposa la la
De Marly le voyage.
La De Coule effarée
Précipitant ses pas
Criait à l’assemblée
Qu’on ne m’arrête pas
Faut que j’aille trouver
Notre jeune princesse
Elle est à Trianon don don
Quand je n’y suis pas la la
Elle s’ennuie sans cesse.
La Guiche étant entrée
Voulant faire sa cour,
Cet enfant est, dit-elle,
Plus beau que d’Alincourt.
Il m’en souvient encore
Pardonnez-moi ma faute
En perdant le fripon don don
Seigneur, mon cœur cherche la la
Ce relief de dévote.
D’une mine modeste
La Mortemart entra.
Pour appuyer leur secte
Guiche la présenta,
De nos opinions
Longue serait l’histoire
Dirent-elles au poupon don don
La Guise vous dira la la
Ce que nous devons croire.
Boufflers vint là se rendre
Aussi grosse qu’un muid.
On dit que comme en Flandre
Elle y lorgna Mailly,
Puis au divin enfant
Tint tout bas ce langage :
Tromper mon vieux barbon don don
Ce ne peut être là la
Seigneur, un grand dommage.
Des beautés en grand nombre
Vinrent de toutes parts.
Caylus de tout le monde
Attira les regards.
Darmagnac et sa sœur,
La Feuillade avec elles
Parurent, ce dit-on, don don
Pendant cette nuit la la
De brillantes étoiles.
Villeroy à leur suite
Voulait se présenter
Conti, d’Elbeuf et d’autres
Espérant y lorgner
Mais son fâcheux époux
Qui souvent fait le maître,
Sans entendre raison do don
Si fort la souffleta la la
Qu’elle n’osa paraître.
Quelques moments ensuite
Parut la Montauban
Portant pour tout mérite
Bien du rouge et du blanc.
Chacun se demanda
Ce qu’elle y venait faire
Elle cherchait Biron don don,
Ne le trouvant pas la la
Elle n’y resta guère.
La Florensac arrive
Plus belle que le jour
Disant : quoi, on me prive
Des plaisirs de la cour
Pour avoir sous mes lois
Mis un prince de France ?
Séjourner à Soissons don don
Fallait-il pour cela la la
Si rude pénitence ?
Après vint la Tonnerre
Instruite par Noyon
Paraissant toute fière
Des aïeuls de Clermont
Veut prendre à toutes le pas,
Entrant dans la cabane
Même au bœuf, dit-on, don don
Elle le disputa la la,
Mais respecta fort l’âne.
De l’air d’une dévote
La d’Humières arriva
Par Duvivier pagotte
Conduite ce jour-là
Chambonneau qui pour lors
Se trouva dans l’étable
Se plaignit au poupon don don
Disant : c’est celle-là la la
Qui m’a pris La Feuillade.
Lors la Quintin apporte
Ses appas délabrés,
Mais se trouvant trop sotte,
Elle ne put parler
La Sully en entrant
La vint tirer de peine
Tout, jusques à l’ânon don don,
Elle complimenta la la
Jusqu’à perdre l’haleine.
Sortant de sa toilette
La Grancy arriva.
Ses beautés étaient faites
Tout de neuf ce soir-là
Mais malgré les secrets
Qu’elle met en pratique
Un curieux, dit-on, don don
S’étant arrêté là la la
La prit pour une antique.
Puis l’on vit à sa suite
Paraître la D’Alluy,
Bourdeaux à l’air tragique
Se vint produire aussi,
Quelques moments après
Arriva la Rouvière.
Que Diable, se dit-on, don don,
D’où vient que l’on tient là
Un conseil de grands-mères ?
Le jour venant d’éclore,
Parut la Saint-Quentin.
On la prit pour l’aurore
Annonçant le matin.
L’on vit aussi briller
La charmante Villars,
Puis arriva Bouillon don don
Troussant son falbala la la
Plus haut que d’ordinaire.
Lors la Cossé arrive
Criant : ma tante a dit
Le fils de ces grands hommes
Avec moi va venir,
Ma nièce Béchamel
Va toujours la première
Monter au saint poupon don don
De Cosseus Nerva la la
La moderne héritière.
La Clairambaut s’avance
Avec émotion,
Disant à l’assistance
J’avais intention
Venir avant le jour.
Mais quoi, j’ai tant d’affaires :
Mon gendre aime Belfond don don
Ma fille que voilà la la
S’en venge avec Tonnerre.
La Meneron s’avance
Disant à sa maman :
Faudra-t-il que je danse
Devant le saint enfant ?
La duchesse répond :
Mettons tout en besogne,
Chantons, dansons, filons don don
Joseph vous mariera
Au prince de Pologne.
On cria place, place,
Quand vint la Pontchartrain ;
Joseph qui une grâce
Voulait de Commartin
La fit solliciter
Par l’enfant et la mère.
Mais elle, sans façon, don don
Un présent demanda la la
Pour faire son affaire.
D’une maigre duchesse
Les quatre courtisans
Vinrent pour leur maîtresse
Apporter les présents.
Quand D’Albert les offrit
Il porta la parole.
Joseph dit au poupon don don
N’allez pas toucher là la la
Vous prendriez la vérole.
Seigneur, votre origine
Dit Bouillon au bambin,
Est-elle bien divine ?
Le monde est si malin.
Eussiez-vous comme moi
Fouillé tous les chapitres
Et trompé Mabillon don don
On vous disputera la la
Votre nom et vos titres.
Aussitôt on annonce
M. le Grand Prieur
Qui de M. le nonce
Se plaint avec aigreur.
Chaulieu trouve mauvais
Qu’en sa plainte on le nomme.
Quoi ! pour votre Fanchon don don
Vous m’allez brouiller la la
Avec la cour de Rome.
Rohan qui l’idolâtre
Réunissant ses vœux
Avec le beau La Châtre
Présente pour tous deux
Un grand in-folio
D’histoires non communes
En disant au poupon don don
Lisez les légendes la la la
De nos bonnes fortunes.
Dangeau vint à Marie
Son frère présenter
Pour la chronologie
A l’enfant enseigner.
La carte et le blason,
L’horlographe [sic] et l’histoire.
Mais le petit poupon don don
N’avait pas pour cela la la
Assez bonne mémoire.
Sans princes et sans princesses
De Mesmes est survenu
Et de peur qu’en la presse
Il ne fût confondu,
Il dit au bon Joseph,
Je suis M. de Mesmes,
Puis, baisant le poupon don don
On dit qu’il le pria la la
A souper le carême.
Après l’on vit paraître
Le vieux abbé Testu
Au poil couleur de traître,
De nez, d’esprit pointu,
En voulant haranguer
Commença par son tic.
Il fit peur au poupon don don.
Joseph qui s’en fâcha la la
Fit braire la bourrique1 .
La Montboisier arrive
Revenant de la cour,
Disant : je suis très vive ;
Pour qu’on fasse l’amour,
Je vais cherchant partout
Des galants à ma fille,
Je me plains au poupon don don
Personne ne lui faisant cela la la
Que dedans sa famille.
Des dames de la ville
Une troupe survint
D’abord D'Armenonville
Par un grand bruit prévint
Près du bœuf et l’ânon
Et après la gésine
On demanda son nom don don
Joseph la regarda la la
Et dit : c’est ma cousine.
La perruque poudrée
Et mise du bel air
Sully dans l’assemblée
Passa comme un éclair
Sans penser à Marie,
Beauté déjà ventée
Sans penser au poupon don don
[ill.] il s’arrêta la la
le prit pour la couchée.
Sur un ton plein d’audace
D’Harlay vint à son tour.
Que l’on me fasse place,
J’arrive de la cour,
Mon mari est nommé
Plénipotentiaire.
Mieux que toi, lui dit-on, don don
Aucun ne l’instruira la la
Aux pénibles affaires.
Fier de sa cassette,
Richesse du clergé,
Vint là Maine Villette
Qui d’un air empressé
D’abord demande à voir
L’intendant de la mère,
Puis la bourse du poupon don don
Ne trouvant pas d’argent la la
Ne les estima guère.
Après vinrent les Dames
Du faubourg Saint-Germain.
De narrer leurs querelles
La Force avait dessein.
L’aimable Mirepoix
Jugeant que le grimoire
Ennuyait le poupon don don
Pour le bercer chanta la la
Une chanson à boire.
Après vinrent en foule
Poètes et beaux esprits.
La Murat et Cominges
Offrirent leurs écrits
D'Epinay et Coaslin,
Grands juges des ouvrages
Placés dans un balcon don don
De bonne heure étaient là la la
Pour donner leurs suffrages.
Les cocus de la ville
Parurent en ces lieux
De Vienne et la Vieuville
Se distinguaient entre eux
On prétendit compter
Cette nombreuse suite,
Mais pour cela, dit-on, don don
Par un ne savait la la
Assez d’arithmétique.
Cette nombreuse troupe
Ne pouvant point entrer,
Six d’entre eux se détachent
Pour l’enfant haranguer.
Bournonville, Richelieu,
Polignac et Tonnerre,
Francine et Saint-Olon don don
S’étant avancés la la
Pour les autres parlèrent.
Revenant de la Motte
Le duc de Ventadour
Y vint avec ses bottes
Croyant mieux faire sa cour
Et l’enfant le voyant
Crut qu’il portait la hotte
Ah Dieu ! quel mirmidon don don
Quel cousin ai-je là la la
Joseph, qu’on le rabote.
Aussitôt dans l’étable
On crie à haute voix :
Vite, qu’on fasse place
Au prince Despinoy,
Il mène Richelieu
Faire la révérence
Au divin poupon don don
Qui dit : oh ! que voilà la la
De belles consciences.
La belle, délicate
Sur le qu’en dira-t-on,
Elle se justifie
Même devant l’ânon.
Ce n’est pas mon amant,
Dit-elle à l’assistance,
C’est un petit garçon don don
Que j’ai chargé du soin la la
De faire sa dépense.
Villars fendit la presse
Montrant son Saint-Esprit.
Il faut que je paraisse
Pour me plaindre au petit
De l’affront que l’on fait
A ma haute naissance.
A Coindrieux, dit-on, don don
Mon père écrivit la la
Contrats de conséquence.
Bouillon sortant de table
Et cherchant un amant,
S’en va droit à l’étable
Pour y prendre un passant.
L’enfant qui l’aperçut
Lui dit de passer outre
Vous êtes à l’abandon don don
Et Joseph ajouta la la
On ne va plus vous admirer.
D’Haluy tenant un cierge
D’abord s’agenouilla,
S’adressant à la Vierge
Par mots s’en expliqua
Que demanderai-je, hélas,
Si je perds la pratique
Puis regardant Bouillon don don
Elle lui conseilla la la
D’emprunter la bourrique.
La Choiseul dans la presse
Y poursuit quatre amants
Partageant sa tendresse,
Tous quatre sont contents.
Pour les ménager plus
Son esprit est trop aigre
Son corps n’est pas trop bon, don don
Mais que faire à cela la la
Tant d’amants rendent maigre.
En jupes et en fontanges
Son Al… arriva
Espérant que les anges
Lui céderaient ce jour-là.
Il avait résolu
De faire sa prière,
Mais dès qu’il vit l’ânon don don
Il laissa l’enfant la la
Et montra son derrière.
La Maintenon fort humaine
Lui dit : Mon petit sire,
Faites-moi nommer reine
Et venez à Saint-Cyr,
Qu’au pouvoir souverain
L’honneur du nom réponde.
Non, dit-il, demeurons don don
Madame, nos États la la
Ne sont plus de ce monde.
Après l’on voyait suivre
Le gros marquis Sablé
Lequel était si ivre
Qu’il ne pouvait parler.
Étant près de l’enfant,
Il convoita la mère,
Voulut voir son téton don don.
Joseph l’arrêta la la
Disant : tout beau, compère.
L'abbé Servin s'avance
D'un air fort gracieux,
Faisant la révérence,
Radoucissant ses yeux.
Joseph qui l'aperçut,
S'écrira : Vierge mère
Voulut voir son téton don don
Joseph l'arrêta la la
Disant, tout beau, compère.
Dans la rue des Tonnelles
La troupe s’assembla ;
On conta des nouvelles ;
De la crêche on parla.
Aussitôt la Ninon
De l’avis de Gourville
Écrivit au poupon don don
Qu’il fallait venir là la la
Et qu’on aurait Tréville.
Sans faire révérence,
Sans ôter son bonnet,
Corbinelly s’avance,
Chargé de ce billet
En criant au poupon :
N’amène pas ta mère,
Car jamais chez Ninon
De vierge il n’embrocha la la
Non plus que dans Cythère.
Ayant perdu ses charmes
Sans espoir de retour,
Les yeux baignés de larmes,
Conti dit à son tour :
Pardonnez-moi, Seigneur,
La faute fut légère
Lorsque j’aime Clermont don don
Et j’ai grand peur hélas la la
Que ce soit la dernière.
D’un maintien de pagode2
Arrive la Congy
Voulant avoir la vogue
Des brelans de Paris.
Elle dit à l’enfant
En sortant de confesse
Si vous le trouvez bon don don
Mon jeu prospérera la la
Et durera sans cesse.
La Pasquier vint ensuite
Avec un air coquet
L’amour l’avait conduite
Pour y chercher son fait
Car en minauderie
Elle est toujours subtile.
Elle en sait, ma foi, long don don
Gilbert vous le dira la la
Ainsi que Bournonville.
Un peu après arrive
La jeune Châtillon
Qui avait à sa suite
Un petit bataillon
De jeunes cavaliers
Toujours prêts à lui plaire.
Elle dit au poupon don don
Quand elle salua la la
C’est la horde ordinaire.
Tout le monde s’écrie
Qu’est-ce qu’on voit ici ?
C’est une dame noire
Qu’on nomme Coligny
Avec ses yeux [ill.]
Que vient-elle faire
Elle apporte un poupon don don
Livry qui la suit la la
Dit qu’il en est le père.
Qui s’il pourra la mère [?]
Ce fut la Baufremont,
Hideuse et toute fière
De son fameux renom.
Je suis méchante, moi,
Hélas, que veut-on dire ?
Je couche sans façon don don
Avec ce plaisir-là la la
J’ai celui de médire.
Tout rempli de lui-même
Dufay arriva.
D’une imprudence extrême
Aussitôt il glosa
Sur ceux qui étaient là,
Sur l’enfant, sur la mère,
Il n’y eut que l’ânon don don
Qui lui en imposa la la
En se mettant à braire.
Avec un air cynique
Harlay se présenta,
Puis de son œil lubrique
Le poupon il lorgna.
Joseph sans être fin
Se douta de l’affaire
Et dit : point ne souffrons don don
Les gens de ce goût-là la la
Ici n’avez que faire.
En pompeux équipage
Deux jeunes soeurs suivaient.
Pour leur faire passage
Chacun se reculait,
Mais le peuple d’abord
S’écrie avec surprise :
Ce sont là deux oisons don don
Qui du temps du papa la la
N’avaient point de chemises.
On fit aussi grand fête
Pour l’aimable robin.
Les princes de Pologne
Lui présentaient la main.
Ses beaux yeux dans leur cœur
Ont fait plus d’une brèche
D’Arpajon sur Loison don don
Ainsi qu’à l’Opéra la la
Fit l’honneur de la crèche.
De la part de Callière
Il vint un député
Demandant qu’il pût faire
Lui seul le traité
J'entends, disait-il,
Traiter la méthode,
Témoin l’édition don don
Des bons mots que voilà la la
Et les mots à la mode.
Il attendait réponse,
Mais dans ce moment-là
On vit entrer le nonce
Sortant de l’Opéra ;
Il étendit la main
Et d’un air agréable
Sa bénédiction don don
A l’enfant il donna la la
Et à toute l’étable.
Au milieu de la presse
La Dachy se fourra
Et dit : quelque duchesse
Nous y présentera.
Joseph qui l’aperçut
Dit qu’elle était de mise,
Et dit au saint poupon don don
Plus de vingt ans il y a la la
Qu’elle sert à l’église.
Avec son air affable
Le premier président
Aborde dans l’étable,
Les murs considérant,
Entrant il dit tout haut :
Mon Dieu, le beau visage,
Puis, baisant le poupon, don don
Hélas, il s’écria la la
Pourquoi n’a-t-il pas l’âge ?
En grand nœud de cravate
Le… a paru.
Sa figure très plate
Au bel enfant déplut.
Qu’on chasse ce faquin
Dit-il à l’assemblée,
C’est un chien, un poltron don don
Que… souffleta la la
Devant toute l’armée.
La Richelieu quittée
Par derrière son cousin
Criait : Je suis outrée
Contre le genre humain.
Quoi ! ne puis-je jamais
Faire d’amants fidèles ?
Si je ne sens pas bon don don
Ma folle sœur en a la la
Malgré ses écrouelles.
Cessez d’être étonnée
Répondit le poupon,
De vous voir méprisée
Car c’est avec raison :
Sans esprit, sans honneur,
Un cœur abominable,
Rempli de trahison don don
Qui voudrait de cela la la
Allez à tous les diables.
Despinoy, son altesse,
Avec ses yeux chassieux
Fendit de tous la presse
Et parut dans ce lieu.
Joseph qui l’aperçut
Cria : Vierge Marie,
Qu’on chasse ce cochon don don
Que Diable fait-il là la la
Il fait peur au Messie.
Saint-Quentin la punaise
Avec son vieil amant
Étant mal à son aise
Et nourrie pauvrement
Dit au divin poupon :
Trouvez bon, je vous prie,
Qu’au bordel sans façon don don
J’aille faire cela la la
Pour y gagner ma vie.
[ill.] lui répondit l’enfant,
Vous êtes trop usée
Par vos avortements,
On sait que vous avez
Des fleurs trop dangereuses
Et par cette raison don don
N’espérez rien de là la la
Vous serez toujours gueuse.
Pour rendre son hommage
Polignac arriva.
Bovin, son suisse et bordage,
Tout à sa suite entra.
Mais quoiqu’avec les Rois
Très finement venue
Leurs parfums, ce dit-on, don don
Ne l’empêchèrent pas la la
De sentir la morue.
L’on vit une duchesse
Âgée de cinquante ans
D’un air plein de tristesse
S’écrier sottement :
Croirai-je, beau poupon,
Que d’Elbeuf m’a trahie,
D’Antraigues, ce dit-on, don don
Avec lui fait cela la la
Mais le menteur le nie.
Faisant [ill.]
La Polignac parut
Quoique remplie d’essence
Joseph dit : elle pue.
Le poupon s’écria :
Ah, l’horrible senteur,
Et comment Châtillon don don
Peut-il faire cela la la
Avec cette effrontée ?
D’une marche effrontée
Quand Coligny entra,
Dans l’étable infectée
Pas un ne demeura
Et chacun s’écria :
Que c’est être indiscret
D’apporter au poupon don don
Sous un grand falbala la la
Pareille cassolette.
L’on vit dans l’assemblée
Entrer d’un air paillard
La Coligny parée
Avec un pied de fard.
Mon Dieu, le croiriez-vous,
Ah ! l’étrange aventure,
Elle empoigna l’ânon don don
Disant : ah, celui-là la la
Est fait pour ma mesure.
La Leuville s’approche
Avec son grand cousin,
Sans craindre aucun reproche
Se prenant par la main,
En criant et chantant
Devant cette assistance :
Voilà ce grand garçon don don
Qui fait si bien cela la la
Donnez-lui indulgence.
Tout était en prière
Quand parut Pontchartrain.
Elle vint la dernière
En grand bruit, en grand train.
On ne regarda plus
Ni l’enfant, ni la mère
Et même, ce dit-on, don don
Aussitôt qu’elle entra la la
L’âne se mit à braire.
La foule était i forte
Qu’on ne pouvait passer ;
Pour d’Estrades et La Porte
Dangeau les fit entrer.
Elles dirent à l’enfant :
Nous sommes deux joyeuses,
Plus d’un jeu nous jouons don don,
Chavigny vous dira la la
Que nous sommes bretteuses.
Lors l’on vit la Saint-Pierre
Qui de Brest survint,
Le marquis de Ferrière
La tenait par la main.
On voulut la chasser
Tant mince était sa mine.
Elle crie au poupon don don
En moi vous voyez là la la
Le corps de la marine.
La Châtillon s’avance
Fit un [ill.] éclatant
Que voilà jeux d’enfance
Suivent en même temps
Disant à Monseigneur
Je t’aime à la folie,
Monsieur de Châtillon don don
Espère bien par là la la
Orner ses armoiries.
L’âne qui de la bande
Voulait rire à son tour,
Dit : Qui comme moi bande
Est très propre à l’amour.
Le cul rompu, dit-il,
Parle-t-il de tendresse ?
Oui-dà, dit le poupon don don
Il vous brocardera la la
Demain chez la comtesse.
Chambonneau, sotte et vaine,
Voulut voir…
Pour la Samaritaine.
Le saint enfant la prit.
Sortez, dit-il, sortez
De l’étable où nous sommes,
Et d’un sévère ton, don don
L’appela la la la
La femme à tous les hommes.
Le cœur rempli de zèle
Pontchartrain à genoux
Ayant prié pour elle,
Pria pour son époux.
Seigneur, faites qu’il ait
Place en votre mémoire
Et comme au bon larron don don
Quand il trépassera la la
Donnez-lui votre gloire.
Dans un pompeux cortège
On vit venir après
Dame dont le manège
Obtint bien du succès.
Elle dit à Jésus
D’un ton assez modeste
Je suis la Montaron don don
Je ne dis que cela la la
Vous savez tout le reste.
L… en Démocrite
Un noël entonna,
En faisant l’hypocrite
Tout bas se prosterna
Le nouveau-né lui dit :
Quitte ton avarice
Ta vieille… don don
Soulage ton état la la
Tu régneras sans vice.
M… vint ensuite
Accoler le petit.
L’on voyait à sa suite
La veuve de Concy
Vous vous moquez de moi,
Dit le dieu de sagesse
Et du qu’en dira-t-on don don
Mais en faisant cela la la
Gardez qu’il n’y paraisse.
M. de Bourgogne
De son sort incertain
Conduisit sa mignonne
Aux pieds du souverain
Je crains, lui dit l’enfant,
Que tu n’aies pas lignée
Car L… de B… don don
Jamais n’observera la la
Le papier qu’il signa.
Dès la porte Tressan
Avec bruit a parlé
Devant le saint enfant :
Et quoiqu’elle querelle
J’adorais Mirepoix
Et j’étais aimé d’elle.
Pour Rohan [?] sans raison don don
Elle m’a planté là la la,
Seigneur, prends ma querelle.
Lors Joseph à Marie
A demandé son nom.
Vraiment elle s’écrie :
C’est Tressan le Gascon,
Faisons-le retirer,
C’est un homme à tout faire.
S’il parle au saint poupon don don
Sans doute il l’instruira la la
D’une étrange manière.
Des Marins affluence
Philippeaux amena,
Après leurs révérences
Ce ministre harangua
A son bredouillement
Chacun prêtant l’oreille
Il n’y eut que l’ânon don don
Qui dit ce borgne-là la la
Nous a dit des merveilles.
La Courtenvaux s’avance
D’un air fort consterné
Et demande indulgence
De ce qui s’est passé.
Elle dit à Joseph :
Veux-tu savoir l’histoire,
Je voulais que Biron don don
Me fit un peu cela la la
Mais on l’a fait trop boire.
Vilquier la suffisante
Voulut se distinguer
Pour être plus touchante
Avec son écuyer
Qui disait d’un ton haut :
Place à notre maîtresse
Je lui prends le menton don don
Et je lui fais cela la la
Et jour et nuit, sans cesse.
Polignac essoufflée
Vint visiter l’enfant.
Ses jupes étaient troussées
Tant derrière que devant.
Chacun lui demandait
D’où venait cette audace.
Elle dit : c’est Châtillon don don
Qui m’a mis comme cela la la
Dessus une paillasse.
La Ferté sans malice
Arrivant bredouillant
Lui offrant ses services
Quand il sera plus grand,
Elle dit à Joseph :
Vous ne sauriez mieux faire,
Confiez-moi le poupon don don
Quand il fera cela la la
Il aura la Boissière.
La Foix toute seulette
Se présenta aussi
Avec les épithètes
Dont Joseph se servit,
Qui fut bien honorée
D’entendre des fleurettes.
Arriva Polastron don don
Qui venait la quérir là la la
Et portait sa toilette.
Avec toutes les belles
Parurent les Soissons
On ne voyait près d’elles
Que galants et mignons,
Archevêques, abbés,
Robins et gens d’épée,
Tout leur paraît fort bon don don
Pourvu qu’avec cela la la
La Guibray soit payée.
Tourville la maréchale
S’approche lentement
Qui devenaient des [ill.]
Assiste leurs parents
La Tourville, d’Estrées,
La Delarge et d’Estrades
Déplurent au poupon don don
Puis chacun s’écria la la
Tenons-nous sur nos gardes.
Furstemberg des Desseintes
Présente son encens
Et ses maigres salières
Au bienheureux enfant.
Joseph lui demanda :
Que fais-tu, ma commère ?
Je cours jusqu’à Meudon don don
Et ne trouve pas là la la
Qui me le veuille faire.
Joseph tout en colère
Demanda Pontchartrain
Et dit [ill.] au bon père
Mon fils en a besoin.
La troupe répondit :
Il a d’autres affaires.
Roquelaure avec son front don don
La mit en tel état
Qu’il fit sur la litière.
Puis vint, la vue baissée,
De Harlay le Maure
Mais un de l’assemblée
Cria comme un perdu
C’est au Ménimontant
Où il prend ses délices.
Ganymède, dit-on, don don
Lui fait par ses ébats la la
Oublier la justice.
D’une effroyable audace
D’Aubigny arriva
Se faisant faire place
A Marie s’adressa :
Entre vous et ma sœur
Quelle est la différence ?
Elle n’a pas de poupon don don
Mais comme vous elle a la la
Très bien haute alliance.
Chamilly la comtesse
Y vint paraître aussi.
Mon mari, se dit-elle,
Est ma foi loin d’ici.
Il va traiter la paix
Par toute l’Italie.
Moi, voyant sans façon don don
Ceux de ce pays-là la la,
Pour lui j’ai négocié.
Et l’on vit à sa suite
La très maigre Staffort
[ill.]
Nollet est un grand sot
De la vouloir bien…
Elle a un large front don don
Et lui un petit la la la
[ill.]
Les bourgeois de Sodome
S’assemblèrent tous là,
A leur tête Vendôme
Suivi de Goliat,
La Carte, Canilac
Firent leur personnage
Et le petit Salon don don
Y vinrent faire cela la la
Avecque Sasenage.
Avec sa bonne mine
Conti se présenta.
Elle parut divine
Et [ill.] l’adora
Joseph cria tout haut :
Ce n’est qu’une mortelle
Demandait la Clermont don don,
Mais elle répliqua la la
Ce n’est qu’une infidèle.
Le célèbre Racine
Après lui arriva
D’une dévote mine
D’abord il s’écria :
Seigneur, de ces pécheurs
Détournez la colère
De sa dévotion don don
Chacun se défia la la
Hors l’enfant et la mère.
L’auteur de ces légendes
N’a pas tout démarqué ;
D’une très digne bande
Ces vers m’ont point parlé.
C’est le dévot clergé
Qu’oublie ce galant homme.
Il trouvera donc bon don don
Qu’en faveur des prélats la la
J’ajoute un second tome.
De douce contenance
Le prélat de Paris
Fit une humble présence,
Mais bientôt il s’aigrit
De ce qu’étant cousin
Au point de l’ordonnance
Les parents du poupon don don
En étaient venu là la la
Sans prendre de dispense.
Noailles se dérobe
Pour empêcher le bal,
Demande un jubilé
Pendant le carnaval.
Mais Joseph aussitôt
Lui dit : mon camarade,
Vaine ostentation don don
D’agir comme cela la la
Si la feuille ne possède.
Après, dans la cabane
De Reims se présenta ;
Sur le bœuf et sur l’âne
Du souffle il l’emporta3 .
Si j’ai péché dit-il,
Avecque mes nièces,
Je mérite pardon don don
Pour ces incestes-là la la
J’ai fait bien des largesses.
Après, dans la cabane
De Reims se présenta ;
Sur le bœuf et sur l’âne
Du souffle il l’emporta.
Puis il dit au Sauveur :
Non, je n’aime personne
Il est vrai qu’à d’Aumont don don
J’ai fait [ill.] à Créqui la la
Mais je donne l’aumône.
De la pourpre de Rome
Renouvelant l’espoir
De Meaux vint en bonhomme
Étaler son savoir.
J’ai de l’Apocalypse
Ouvert tous les mystères
J’ai fait de beaux sermons don don
Pour l’enfant que voilà la la
Je suis bien votre affaire.
Le grand Camus s’avance,
Disant au saint enfant :
Ma fausse pénitence
M’élève à ce haut rang.
Veux-tu que sous ton nom
Toute la terre se fonde ?
Donne à la chair du bon don don
Mais mortifie-la la la
Aux yeux de tout le monde.
L’on n’y vit point paraître
Monseigneur de Cambrai.
Il disait de son maître
Dans un article vrai
De ne rien désirer
Si Dieu nous fait la grâce
S’il vient à nous, marchons don don
Restons s’il ne vient pas la la
Parbleu à notre place.
De Chartres à l’air sévère
Survint à cet instant
D’un extérieur austère
Il harangua l’enfant :
Hélas, je serais mort
Avec ma face blême
Si… don don
Je ne faisais pas gras
Vendredi et carême.
La Chaise entra tout ivre
Des grandeurs de la cour,
Mais ne pouvant plus vivre
Dans ce maigre séjour
Il part pour Saint-Louis
En toute diligence
Trente-cinq gros flacons don don
Sans bruit l’attendaient là la la
Des meilleurs vins de France.
L’abbé Dangeau lui-même
Vint ensuite un peu tard
Avec sa face blême,
L’œil pensif, l’air hagard,
Du peuple circoncis
Joseph le crut un frère.
La jeune Lannion] don don
Qui se rencontra là la la
Assura du contraire.
L’abbé Servien s’avance
D’un air fort gracieux
Faisant la révérence
Adoucissant ses yeux
Joseph qui l’aperçut
Cria Vierge Marie,
Vite, ôtez le poupon don don
Je connais celui-là la la
Il en veut au Messie.
Monté sur des béquilles
Arrive un pieux pasteur
Qui montrant la Surville
Dit : pour moi est son cœur,
Voilà ces deux amours
Si bien faits l’un pour l’autre.
Oh quoi ! dit le poupon don don
Sont-ce là ces gens-là la la
Qui se moquent des autres ?
Bouhours, pasteur habile,
S’approche du berceau
Offrant leur évangile
Traduite du nouveau
L’ouvrage sous son nom
Méritait de paraître
Car sans lui saurait-on don don
Que le Diable surprend lon lon la
Jésus son divin maître ?
Alors Jacques s’avance
Devant le saint poupon
Faisant la révérence
[ill.] son fils.
Joseph qui l’aperçut
Tout aussitôt s’écrie :
Il a fait ce poupon don don
Comme moi celui-là la la
A la Vierge Marie.
D’un air de confiance4
Arriva Verthamon
Faisant la révérence,
Il a dit au poupon
En tenant en sa main la Bulle enregistrée
Malgré tous ces oisons don don
Avec ces Messieurs-là la la
L’affaire est décidée.
Avec un air avide
La Force s’écria :
La pauvreté réside
Parmi tous ces gens-là
Comment réaliser dans un lieu si rustique ?
Ah, du moins achetons don don
De l’assa-fetida la la
Pour en lever boutique.
Saisi de la froidure
Joseph souffle en ses doigts
Et cependant murmure
De voir le Roi des Rois
N’ayant pour s’échauffer que les seules haleines
Du bœuf et de l’ânon don don
Tandis que d’Antin a la la
De bois ses caves pleines5
.
On voit avec hardiesse
Fonpertuis s’approcher
Tout fier de ses richesses6
,
Quoique fils d’un boucher,
Mais le bœuf par instinct un coup de pied donna
Dans l’appréhension don don
Qu’il ne vînt exprès là la la
L’assommer d’une hache.
On cria place, place
A la Faye et Lassé.
Ce dernier plein d’audace
Dit d’un air empressé
Sans craindre du retrait le fléau redoutable :
Amis, réalisons, don don
Il faut acheter là la la
Et la crèche et l’étable.
Avec mine arrogante
Law parut en ces lieux,
D’une voix insolente
Il dit au Roi des cieux :
Seigneur, vous êtes gueux, tout ici-bas vous manque,
Prenez des actions don don
Et ne refusez pas la la
De faire un compte en banque.
On m’écoute en oracle
Chez le peuple français.
J’ai fait un grand miracle
Dans le cours de six mois
J’ai prouvé que l’argent n’était dans la finance
Que vaine illusion don don
Qu’on appelle en ce cas la la
Préjugé de la France.
Ollier fendant la presse
Vint qu'il était grand jour;
Crochant une duchesse,
lui parlant de la cour,
La fille de Pecquet, du Roi le secrétaire,
elle dit au oupon don don,
la Vierge que voià la la
Doit saluer la première.7
Avec un doux sourire
Dangeau se présenta
Et pour le faire lire
Son livre il porta
Puis dit, voyant d'abord qu'on bâille
A chaque ligne,
C'est ma relation dondon
Seigneur, conservez-la la la
Le mond en est indigne.7
Après dans l'assemblée
De Reims est arrivé,
N'ayant pas chez Langlée
La comtesse trouvée,
Où sont-elles, dit-il,
Entrant dans la cabane,
Puis voyant leur menton don don
Comme un boeuf il souffla
Et banda commme un âne7
.
Les trois rois sont en peine
Pour adorer l’enfant
N’ayant pour toute étrenne
Que la myrrhe et l’encens
N’osant lui présenter les billets en usage8
Car le boeuf et l’ânon don don
Sur cette monnaie-là
N’auraient pas de fourrage.
- 1La Vierge s'en cacha la la / Derrière la bourrique NAF 9184.
- 2D'un air de pédagogue (NAF.9184)
- 3l'emporta. Puis il dit au Seigneur / Non je n'aime personne / Il est vrai qu'à d'Aumont on don / J'ai fait comme à Créqui cela / Mais je donne l'aumône. (NAF 9184)
- 4A partir de là les couplets ne se trouvent que dans BHVP.
- 5Le duc d’Antin, chef du conseil des bâtiments, fit abattre les bois des maisons royales. (BHVP)
- 6Il avait gagné des millions. (BHVP)
- 7 a b c NAF.9184
- 8Allusion aux billets de banque aux Subsistances sur lesquels on perdait près de moitié. (BHVP)
NAF.9184, p.199-207 - BHVP, MS 547, f°21-42 - BM Lyon, MS 1672, f°155r-160v
Date incertaine. Recueil totalement composite. Chaque occurrence a ses ajouts et ses manques, le tout dans un ordre à chaque fois différent.