Prédiction et bon conseil de Mlle Moysan…
La sybille Moisan te le, Beaumont, prédit1
:
Avec son schismatique et dangereux manège,
Quoique le Théatin évêque te protège,
De toute sa cabale et de tout son crédit,
Quoique tu sois à table un très sublime esprit,
Tu n’entreras jamais dans le Sacré Collège.
Politique mauvais, tu mènes trop de bruit,
Tu ferais beaucoup mieux, si tu pouvais te taire,
Laissant doucement l’eau couler à l’ordinaire.
- 1Prédiction et bon conseil de Mlle Moysan, supérieure de l'Hôpital, à Mgr l'archevêque, son bienfaiteur (M.).
Henri Legier Desgranges, Madame de Moysan…, cité p.250
Sur les avocats consultants jansénistes
Sur les avocats consultants jansénistes
Jadis pour affermir la foi
Les Pères en concile
Du Saint-Esprit suivaient la loi,
Consultaient l’Évangile.
Ce n’est plus la bonne façon :
L’Esprit Saint doit prendre le ton
Des Avocats, des Avocats,
Des Avocats, des Avocats de France !
Des conciles dans tous les temps
On sait assez les formes,
Leurs canons et leurs règlements
Font des livres énormes.
Mais qu’est-il besoin de canons ?
Pour moi je m’en tiens aux factums
Henri Legier Desgranges, Madame de Moysan…, cité p.58-59
Rondeau irrégulier sur la comparasion du Catilina…
Rondeau irrégulier
Sur la comparaison du Catilina de M. de Voltaire1
Avec les tragédies de Corneille
Au grand Corneille égaler Arouet,
C’est au Poussin égaler Durrouet ;
Collé, Correspondance, p.338
Sonnet sur la Constitution
Sonnet
Le libre arbitre en vain, superbe, audacieux,
Appuyé d’un grand roi, d’un pape, d’un Jésuite,
Faisait voler partout la terreur à sa suite ;
Son orgueil soutenu triomphait en tous lieux.
La Grâce, ce trésor, si saint, si précieux,
A cacher son visage était déjà réduite.
Ses défenseurs étaient proscrits, bannis, en fuite.
Cet attentat armait et la terre et les cieux.
Mais le bras du Seigneur, terrible quand il frappe,
F.Fr.12796, f°78v-79r - F.Fr.12500,p.21 - F.Fr.13655, p.104 - BHVP, MS 551, p.276 - BHVP, MS 602, f°14v-15r - Lyon BM, MS 757, f°177r - Courrier politique et galant, 19 janvier 1719
Sonnet à Mgr le duc d'Orléans
Sonnet à Mgr le duc d’Orléans
Prince né pour le sceptre et digne d’un empire
Et que le Ciel a fait pour nous donner la loi.
La France n’a jamais soupiré pour un roi
Comme elle fait pour toi sans oser te le dire.
Déjà par tes projets ta sagesse elle admire,
Et l’Europe connaît ce qu’on vantait de toi,
Ton esprit infini pour le royal emploi,
Ton immense savoir qui peut à tout suffire.
L’ignorance et l’erreur qu’on a vu tout gâter
Ne sauraient te surprendre et jamais t’arrêter ;
F.Fr.12796, f°75
Sans titre
1
Ciel, quel changement en France !
Que de chefs en décadence !
Et déjà tout Paris pense
Que tous les gens de finance
Auront pour leur récompense
Chacun pour eux une potence.
2
le Régent avec prudence
va prendre la connaissance
du sujet de leur bombance
et de leur magnificence
qu’il poussaient à l’insolence
jusqu’à braver l’excellence
de la plus haute puissance.
3
Pour supprimer cette outrance
Et punir leur arrogance
La cour est en conférence
Le cas est de conséquence
F.Fr.12796, f°73