Rondeau
Des actions pour connaître le hic1
,
Parlez à gens qu’elles ont fait repric,
Capots, réduits à coucher sur la paille ;
Maints qui soulaient toujours faire ripaille,
Ne mangent plus qu’aux dépens du public.
Combien, contraints à vivre ric à ric,
Qui croyaient qu’or, sur eux comme mastic
Etait collé, fondés sur la trouvaille
- 1Le rondeau qui suit a été fait comme on le verra sur les rimes de celui de l’ordinaire dernier [$5557], et il sert à montrer le revers de la médaille, dont le précédent ne dépeignait que le beau côté (M.)
Courrier politique et galant, 21 octobre 1720
Inverse de $5557 sur les mêmes rimes.
Rondeau
Rondeau1
Des actions au jeu, c’est là le hic ;
J’ai déjà fait et maint et maint repric,
Je coucherais sans cela sur la paille
Et ne fais à présent que ripaille
Depuis qu’il est devenu si public,
Oui, je n’ai du pain que ric à ric ;
- 1On demandait à un agioteur comment, de si pauvre qu’on l’avait vu, il était devenu riche en si peu de temps. Il donna ce rondeau pour réponse. Si c’est un impromptu, il faut qu’il ait la rime bien à son commandement, car de celles en ic, surtout, on n’en trouve pas par douzaines (M.).
Courrier politique et galant, 17 octobre 1720
Voir son inverse sur les mêmes rimes en $5558
Sans titre
De l’agioteur Faquinet
Si vous voulez savoir l’histoire,
Rappelez à votre mémoire
La laitière et le pot au lait.
Gagnant dix mille écus tout net,
Il en voulait gagner cent mille,
Mais il nous dépeint, faisant gille,
La laitière et le pot au lait.
Certain auteur d’un beau projet
En croit voir la fortune éclore.
On le prévient et c’est encore
La laitière et le pot au lait.
Femelle veut qu’on vienne au fait
Et tandis que l’époux fait de l’eau toute claire,
Elle fait éloigner de l’amoureux mystère
Courrier politique et galant, 13 septembre 1720
Sans titre
Quand par le calcul de ma note1
Je me vois dans mon cabinet
De souscriptions une botte,
Fortune en la cervelle trotte
Et je me sens tout guilleret.
Mais n’est-ce point une marotte
Et serai-je riche en effet ?
Dame Mémoire est une sotte
Qui dans mon oreille marmotte
- 1Les projets augmentent de jour en jour ; la moindre bicoque s’embellit d’une compagnie ; tout le monde y court ; j’y cours comme les autres et si cela dure, je deviendrai fou à lier ; toute ma tête est pleine d’action et de vapeurs de fortune (M.).
Courrier politique et galant, 5 septembre 1720
Sans titre
Roy sifflé1
Pour l’être encore
Fait éclore
Sa Callirhoë,
Et Destouches
Met sur ses vers
Une couche
D’assez mauvais airs.
Sa musique,
Froide, étique
Flatte et pique
Le goût des badauds :
Heureux travaux !
L’ignorance
Récompense
Deux nigauds.
Arsenal 3031, p.68-69 - Courrier politique et galant, 5 août 1720
Sans titre
On risque, dit-on, au commerce1
.
Mais rien n’est à craindre pour nous,
Si ce n’est qu’en faisant les fous
Notre bouteille ne renverse.
Ici du pays de Cocagne
Nous avons la réalité ;
Buvons à la postérité
Qui dans ces lieux nous accompagne.
Buvons, rions, faisons ripaille,
Puisqu’en dormant nos actions
Nous produisent des millions,
- 1Cette chanson a été faite sans doute avant la publication de l’arrêt pour la diminution du papier qui n’aura pas tenu le cœur des perdants en joie (M.).
Courrier politique et galant, 3 juin 1720