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Sans titre

Quoi, s’écriait Le Franc diffamé par Voltaire1  :

Cet homme que les lois proscrivent en tout lieu,

Cet infâme Archiloque a l’encens de la terre,

Et d’Alembert l’élève à la gloire d’un Dieu !

Quand je vois ces horreurs, je fuirais jusqu’au Gange.

Cesse, lâche Pigal, d’avilir ton ciseau ;

De vices, de talents, quel monstrueux mélange !

Son âme est un rayon qui s’éteint dans la fange.

C’est peu d’être despote, il est encore bourreau ;

Sa dent du même coup empoisonne et déchire,

Il inonde de fiel les bords de son tombeau,

Et son dernier soupir vomit une satire…

Un vieillard l’écoutait sans paraître étonné :

Tout est bien, lui dit-il, ce mortel qui te blesse

Atteste du Très-haut la profonde sagesse ;

S’il n’avait pas écrit, il eût assassiné.

 

  • 1Nous sommes depuis quelque temps riches en épigrammes. On a fait celle-ci sur la statue de Voltaire par Pigalle.

Numéro
$2051


Année
1775 octobre




Références

CSPL, II, 196


Notes

Autre version de $1295