Sans titre
Quoi, s’écriait Le Franc diffamé par Voltaire1 :
Cet homme que les lois proscrivent en tout lieu,
Cet infâme Archiloque a l’encens de la terre,
Et d’Alembert l’élève à la gloire d’un Dieu !
Quand je vois ces horreurs, je fuirais jusqu’au Gange.
Cesse, lâche Pigal, d’avilir ton ciseau ;
De vices, de talents, quel monstrueux mélange !
Son âme est un rayon qui s’éteint dans la fange.
C’est peu d’être despote, il est encore bourreau ;
Sa dent du même coup empoisonne et déchire,
Il inonde de fiel les bords de son tombeau,
Et son dernier soupir vomit une satire…
Un vieillard l’écoutait sans paraître étonné :
Tout est bien, lui dit-il, ce mortel qui te blesse
Atteste du Très-haut la profonde sagesse ;
S’il n’avait pas écrit, il eût assassiné.
- 1Nous sommes depuis quelque temps riches en épigrammes. On a fait celle-ci sur la statue de Voltaire par Pigalle.
CSPL, II, 196
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