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Plaintes de Thalie à Mme de Pompadour

Plaintes de Thalie à Mme la marquise de Pompadour1
Qu’élevée au-dessus du sort d’une mortelle
La jeune Hébée triomphe au céleste séjour,
Elle en était bien digne, et les ris et l’amour
Pour revivre avaient besoin d’elle.
Je consens qu’avec tant d’attraits
Les sirènes encore lui donnent
Le mérite des chants parfaits
Et que les grâces lui pardonnent
Les larcins qu’elle leur a faits.
Mais quant à moi qui n’ai pour plaire
Que mes talents et mon emploi,
Hébé m’en dépossède et lorsque je la vois
Enchanter tous les dieux, il ne reste pour moi
A réjouir que le vulgaire.
Les destins en la formant
Ne m’ont rien laissé à faire.
Qu’elle eût pris mes leçons quelques jours seulement
J’aurais dans ses succès mon dédommagement.
C’et ainsi que Thalie expose
Son dépit au conseil des dieux.
Sa rivale soumet les cœurs, charme les yeux :
La déesse perdra sa cause.

 

  • 1Sur ce que M. Roy fut choisi par le crédit de Mme de Pompadour pour faire l'année galante au lieu de Voltaire.

Numéro
$3328


Année
1748 janvier

Auteur
Voltaire



Références

Clairambault, F.Fr.10718, p.15 - F.Fr.13659, p.221 - F.Fr.15151, p.322-24


Notes

Au sujet de l'Année galante dont les paroles sont de M. Roy, qu'il eut  par le rédit de Madame de Pompadour (F.Fr.155151)