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Sans titre

Donnez vos rapsodies1
Messieurs les grands auteurs ;
Je les vois applaudies,
Vous aurez des lecteurs.

Le public à présent louera tout ;
On le rend automate,
Le parterre, bien payé surtout,
Vous trouvera du goût.

Nulle pièce n’est plate,
Et comme Mithridate
Il s’est fait au poison
Qu’on lui donne à foison.

Refrain
Exaltons
Et chantons
L’indulgence
Et la clémence
Du public
Dont le tic
Est d’applaudir, par trafic.

2ème couplet
Ami, tu confesses
D’avoir payé des gens
A tes dernières pièces
Pour paraître indulgents.

Frères, c ‘est l’aumône qu’il fait
En auteur charitable ;
Généreux Voltaire ! c’est un trait
D’humilité parfait ;

Va, tu n’es point coupable,
Tu n’es que pitoyable ;
A d’autres nouveautés,
Double tes charités,
Exaltons, etc2 .

  • 1Fontenelle disait ces jours-ci : Voltaire est un auteur bien rare, il fait ses pièces à mesure qu’on les joue (M.).
  • 2Note : Loin de réformer aujourd’hui la rigueur avec laquelle j’ai traité ces couplets, je trouve, au contraire, que je n’en ai pas dit assez de mal. Le cocher de feu M. de Verthamon les avouerait à peine ; ils sont pitoyables. Je ne les efface pas pour me punir de les avoir faits et surtout écrits (Collé, note de 1780).

Numéro
$3478


Année
1750




Références

Collé, I,127-28


Notes

Collé qui ne les a pas fait connaître