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Sans titre

Mon amour-propre est vivement flatté1
De votre écrit, mon goût l’est davantage.
On n’a jamais par un plus doux langage
Avec plus d’art blessé la liberté.

Pour Gabrielle, en son apoplexie,
D’autres diront qu’elle parle longtemps,
Mais ses discours sont si vrais, si touchants ;
Elle aime tant qu’on la croirait guérie.

Tout lecteur sage avec plaisir verra
Qu’en expirant la belle Gabrielle
Ne pense point que Dieu la damnera
Pour trop aimer un amant digne d’elle.

Avoir du goût pour le roi Très chrétien,
C’est œuvre pie, on n’y peut rien reprendre.
Le paradis est fait pour un cœur tendre
Et les damnés sont ceux qui n’aiment rien.

  • 1Ces vers sont de M de Voltaire, en réponse à un jeune auteur qui lui avait envoyé une héroïde sur Gabrielle d’Estrées. (M.)

Numéro
$4956


Année
1762

Auteur
Voltaire