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Le Départ du roi de Danemark

Le départ du roi de Danemark1
Dévoré par l’ennui, cette fièvre des rois,
Le jeune prince des Danois
De climats en climats va, cherchant un remède
Au triste mal qui le possède.
Partout les plaisirs enchanteurs
Unissent leurs efforts pour charmer ce monarque ;
Il les trouve parfois aussi vains que trompeurs,
Et sur le front royal l’ennui mortel se marque.
Enfin, las de trouver tant de fleurs sous ses pas
Et tant de jolis vers qu’un Danois n’entend pas,
Dans les bras du sommeil l’infortuné se plonge.
L’auguste Vérité lui dit ces mots en songe :
Ami, chez les Français mille vers séducteurs
Font payer cher leur existence :
Tu répands ton argent et ramasse des cœurs,
C’est bien fait ; mais le Nord gémit de ton absence.
Un père vertueux quitte-t-il ses enfants ?
Tu cherches le bonheur : va, connais mieux ton être ;
La vertu le promet à des travaux constants.
Les rois ne sont heureux, ne sont dignes de l’être
Que quand leurs peuples sont contents.
A ces mots, Christiern, ennuyé de plus belle,
S’éveille en appelant tout son monde à grands cris :
Partons, dit-il, partons, mon trône me rappelle ;
Autant vaut m’ennuyer à ma cour qu’à Paris.

  • 1Autre titre : Vers non présentés au roi de Danemark. (M.) « Si le roi a été ennuyé de vers fades pendant son séjour ici, il en a paru qui ne sont rien moins que flatteurs pour la nation. » (Nouvelles à la main.) Le roi avait quitté Paris dans les premiers jours du mois de janvier. (R)

Numéro
$1279


Année
1769




Références

Raunié, VIII,140-141 - F.Fr.13651, p.322-23 - BHVP, MS 658, p.277-78 - Mémoires secrets, IV, 195-96