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La Capitulation de York-Town

La capitulation de York-Town
Cornwallis1 , ce brave guerrier,
Soutien de l’Angleterre,
Est battu et fait prisonnier
De la bonne manière.
Les Anglais vont baisser le ton,
La faridondaine, la faridondon,
Et redeviendront nos amis,
Biribi,
A la façon de Barbari,
Barbari.

La Fayette avec Rochambeau2
Ont, ma foi, fait merveille,
Et ce sont tous deux des héros
De valeur sans pareille.
Bravement ils ont combattu,
Vaincu, battu, rossé, tondu,
Ces fiers ennemis des Bourbons,
Sacré noms,
Que j’aimons autant que les dieux
Mille-z-yeux !

Notre Dauphin a précédé
Cette heureuse victoire3  ;
C’est un signe bien décidé
De sa future gloire.
Anglais, craignez tous ce luron,
La faridondaine, la faridondon,
Il aura du poil au… sourcil
Biribi,
Et fera de vous des moutons,
Sacré noms !

George à son penaud Parlement
Va bien donner à rire !
On nous bat… payez largement ;
N’allons pas nous dédire…
Le compliment n’est pas bien bon,
La faridondaine, la faridondon,
Car ces Anglais sont à quia !
Larira !
Mais North4 endort par de grands mots
Ces marmots.

Le Breton voit en enrageant
Nos exploits et ses dettes,
Pour nous, nous regorgeons d’argent,
Qu’on en juge à nos fêtes.
Quel trésor qu’un petit Bourbon,
La faridondaine, la faridondon,
Nul bill de pareils n’en sera,
Larira !
Jamais ce joli trésor-là
Ne tarira.

La victoire avait attendu
Le poupon d’Antoinette,
Nous allons mettre à fonds perdu
Tous nos cœurs sur sa tête.
Il naquit au bruit du canon,
La faridondaine, la faridondon,
A l’Amérique il a souri,
Biribi,
Au grand dépit de Barbari
Notre ami.

  • 1Lord Cornwallis, après avoir fait en Amérique les campagnes de 1776 à 1779 sous les ordres de Howe et de Clinton, reçut en 1780 le commandement de la Caroline du Sud. Il se signala d’abord par ses succès sur les généraux Gates et Green, et, au printemps de 1781, il envahit la Virginie où il fut surpris par les forces coalisées des Insurgents et des Français. Investi, le 28 septembre, dans YorkTown par les troupes de Washington, de La Fayette et de Rochambeau et l’escadre de l’amiral de Grasse, il fut contraint de capituler après un siège de vingt jours, le 19 octobre. « Le lendemain de la nouvelle de cette défaite, tout Paris s’est livré à la plus grande joie… On a fait pour ce dernier événement des illuminations qui n’ont pas été fort brillantes ; ce n’est pas qu’on n’ait pas été très sensible à ce grand avantage remporté sur les Anglais et principalement à l’humiliation qu’en pourra recevoir cette insolente nation, battue enfin par terre et par mer, mais après les illuminations du Dauphin qui ont duré quatre jours de suite, on commençait à en être las à Paris. » (Correspondance de Métra.) (R)
  • 2Jean‑Baptiste‑Donatien de Vimeur, comte de Rochambeau (1725‑1807), s’était distingué dans les guerres de la succession d’Autriche et de Sept ans, lorsqu’il fut promu lieutenant général et envoyé avec un corps de 6 000 hommes en Amérique, où il devint l’un des plus utiles auxiliaires de Washington.
  • 3e chansonnier a commis ici une erreur qui s’explique facilement ; la capitulation de York‑Town était antérieure de trois jours à la naissance du Dauphin, mais elle ne fut connue qu’à la fin du mois d’octobre.(R)
  • 4Frédéric North, comte de Guildford (1732‑1792), premier ministre de George III, avait été le principal instigateur de la guerre d’Amérique. Il fut soutenu par le Parlement jusqu’à la défaite de Cornwallis, qui suscita contre lui une vive opposition et provoqua sa chute. (Avril 1782.)(R)

Numéro
$1491


Année
1781




Références

Raunié, X,14-17