Vers sur un écolier qui eut le fouet
Vers sur un écolier qui eut le fouet
pour avoir insulté un jésuite
Près du collège de Beauvais
Passait un jour certain révérend Père
Qui sous son bras, si l’histoire est sincère,
Portait encor un sac de son procès,
Ou de ses Instituts un nouvel exemplaire.
Au même instant sortait la gent écolière.
Un jeune enfant, sans doute un peu malin,
« Voilà les traits, dit-il à son voisin,
Auxquels on reconnaît la sainte Compagnie ;
Voilà ces yeux, ce regard tupinois,
Ce chapeau plat, cet air fin et sournois
Que feu Malagrida portait pendant sa vie.
Et celui-ci sans doute est échappé du bal
Qu’à ces Messieurs on donne au Portugal. »
Ainsi complimenté, notre Révérend Père
En son couvent rentre fort irrité ;
Là, transporté d’une sainte colère,
Il sonne le tocsin de la Société ;
Il assemble les chefs pour leur conter l’affaire.
Père recteur accourt épouvanté :
Dans la maison régnait un tel vacarme
Qu’il s’imagine à ouïr cette alarme,
Qu’un janséniste entrait dans la communauté.
Le conseil résolut, qu’un d’entre eux député
Irait en cour faire une plainte amère,
Et par malheur il fut trop écouté,
Car par un ordre exprès du ministère
(Voyez jusqu’où s’étend l’autorité !)
Du jeune enfant l’infortuné derrière
Fut par son maître impoliment traité.
Aux jésuites, toujours ce quartier fut funeste ;
Leurs pères autrefois, l’histoire nous en atteste,
A l’exemple d’Ignace y furent fouettés.
En France puissent-ils n’être plus insultés.
F.Fr.13651, p.100-01