Vers sur le nouveau bail des blés par Louis XVI
Vers sur le nouveau bail des blés par Louis XVI
Les voilà donc, peuple crédule et sot,
Ces jours heureux sous un nouvel empire !
Enfants morts-nés d’un aveugle délire,
Les tristes airs chantaient la poule au pot ;
Mais aujourd’hui la voix désaccordée
Est sans accent et fait place aux douleurs ;
Longtemps encore doivent couler les pleurs.
Un monstre noir, d’une haleine empestée
Dans le Conseil fait germer ses fureurs.
Que dis-je, Ô Ciel ! les serpents de l’intrigue
Sur l’enfant-roi distillent leurs poisons ;
Contre l’État une infernale brigue
De la discorde allume les tisons.
La torche en main je vois le fanatisme
De tendre amour encenser [sic] tous les traits
Et sans pudeur déjà le despotisme
A l’étranger vend le pain des sujets.
Contre un Maupeou, vautour de nos provinces,
La France en vain réclamerait ses droits.
Un dur exil vient d’apprendre à nos princes
Que le fer règne à la place des lois.
De ton esprit, voilà l’heureux présage ;
Voilà ton Roi, peuple crédule et sot
Mais sans rien voir de ce naissant orage,
Toujours à jeun, chante la poule au pot.
F.Fr.1514, p.391-92