Vers de M. d’Argental au cardinal de Bernis
Vers de M. d’Argental
au cardinal de Bernis
Si tu m’avais bien consulté,
Oubliant la cupidité,
Je t’aurais dit par amitié,
Où vas-tu donc si effaré
Mon gras abbé ?
Mais point du tout, la vanité
Te perd au point que ma pitié
Te voit chassé et détesté
Sans que mon cœur en soit touché.
Par la fortune on est trompé.
Devant tes yeux elle a rangé
Pourpre et grandeur, mais ton traité
Te fait bien voir qu’elle t’a joué.
Rappelle-toi quand par bonté
J’ai soulagé ta pauvreté,
Ton cœur ingrat l’a oublié,
D’un chapeau rouge étant coiffé.
Assurément ma charité
N’attendait pas ce procédé.
Puisque tu es disgracié,
Tu es perdu, je suis vengé.
F.Fr.15142, p.5-6