Beaumarchais et le Barbier de Séville
Beaumarchais et le Barbier de Séville1
Non, il n’est plus du tout, du tout le même2
;
Et Beaumarchais,
Pour son barbier benêt,
Est rasé de si près
Qu’il en est sot et blême ;
Aussi dit-on après :
Quoi ! c’est là Beaumarchais !
Non il n’est plus du tout, du tout le même.
Toujours, toujours, il est toujours le même ;
Toujours il est
Sans intrigue et mauvais,
Sans mœurs, sans intérêt,
Trivial à l’extrême ;
On peut y rire, mais
Chacun redit après :
Toujours, toujours, il est toujours le même.
De ton barbier porte ailleurs la boutique :
Non, non, jamais,
Au Théâtre-Français,
Il n’aura de succès,
Ni bien longtemps pratique ;
Pour Nicolet il est
Raseur fait tout exprès :
De ton barbier mets-y donc la boutique.
- 1C’est au mois de juillet 1775 que Beaumarchais imprima Le Barbier de Séville, représenté sans succès à la Comédie‑Française, le 23 février 1774. Dans la spirituelle préface dont il le fit précéder, il raillait agréablement le public et prétendait que sa pièce était une des meilleures données depuis longtemps sur le théâtre dans le genre comique. La chanson ci‑dessus prouve qu’il ne réussit pas à convaincre tout le monde. (R)
- 2[Après une représentation du Barbier de Séville]. En sortant de la salle quelques jeunes gens chantaient ce couplet parodié sur la fameuse chanson de l’auteur (Correspondance secrète)
Raunié, IX,54-55 - F.Fr.13652, p.317 - Correspondance secrète, t.I, p.208 (premier couplet seulement)