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Sans titre

Assembler un sénat pour le déshonorer1 ,
Dégrader les héros de la superbe Rome,
Immmoler leur vertu aux forfaits d’un seul homme,
Sont-ce là les beautés que l’on doit admirer ?
Des vers les mieux frappés la puissante énergie
D’un sujet révolté fait-il l’apologie,
Et pour faire briller son horrible attentat
Devait-on obscurcir la gloire du sénat ?
Où sont donc les ressorts de cette politique
Capable d’éblouir l’esprit de Cicéron ?
Catilina partout n’est qu’un vrai fanatique
Et je ne trouve point l’inflexible Caton.
C’est blesser le respect que l’on doit à l’histoire.
A des noms consacrés oser faire un affront !
Ah ! si j’interrogeais les filles de Mémoire
Une rougeur subite irait couvrir leur front.
Français depuis un an, Anglais par ma naissance,
Je pense que l’auteur de la pièce du jour
Trouvera que je parle avec irrévérence,
Mais il vient d’outrager l’objet de mon amour ;
Cicéron est mon maître et je lui suis fidèle ;
D’Olivet et Prévost approuveront mon zèle.
Si cette tragédie est l’œuvre de trente ans,
Et qu’on ait murmuré d’un si longue attente,
Je le dis hardiment : malgré tous ses talents,
L’auteur aurait bien fait d’en attendre encore trente.

 

  • 1Il s’en faut beaucoup que celle de Crébillon [Catilina] ait autant d’admirateurs qu’elle a de lecteurs. Un homme d’esprit, mon ami, vient de m’envoyer quelques vers où il dit assez nettement ce qu’il pense de la pièce nouvelle. Vous jugerez s’il a tort ou raison (Raynal).

Numéro
$3868


Année
1749?




Références

CLG Raynal, ed. Tourneux, I, 260-61