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Hymne en l'honneur de Mlle Rosalie, de l'Opéra

Le sot orgueil un jour1
Convoita l’impudence,
Un monstre à cet amour
Dut bientôt sa naissance :
Ce chef-d’œuvre heureux
Fut bien digne d’eux.
Jugez-en par sa vie !
Le crime excite tous ses sens,
L’appât de l’or fait ses penchants,
Son nom manque à ces traits touchants,
Eh bien ! c’est Rosalie. Bis.

D’un Lapon bien camard
Dépeignez-vous la mine,
Avec le cœur et l’art
Qu’eut jadis Messaline.
Un affreux venin
Circule en son sein,
La mort est moins cruelle.
Si par un immense détail
Un seul objet vaut un sérail ;
Si jour et nuit c’est nouveau bail,
Eh bien ! c’est encore elle. Bis.

Priape est le seul Dieu
Que cette Nymphe adore,
Mais son sceptre plaît peu
Si Plutus ne le dore.
Un mystère affreux
Fait cacher ses feux ;
C’est un Giron femelle.
Si l’on vous disait que Cypris,
Prive d’une nuit Adonis,
Pour la passer avec Laïs,
Eh bien ! c’est encore elle. Bis.

Vers un gouffre d’horreurs
Un vil penchant l’entraîne,
Et son perfide cœur
L’est comme son haleine.
Son demi-talent
Va toujours chantant,
Oh ! le plaisant modèle !
Quand vous allez à l’opéra,
Croyez-vous entendre un castrat,
Payant pour qu’on le claque là,
Eh bien ! c’est encore elle. Bis.

Son peu d’esprit est fait
Au jargon des coulisses ;
Elle est le Poinsinet
Du sexe et des actrices,
Sans pudeur, sans foi,
Le v… est sa loi,
Son œil toujours l’appelle :
Cette boîte au repentir,
Dont on vit tous les maux sortir,
Si quelqu’un veut encore l’ouvrir,
Eh bien ! messieurs, c’est elle. Bis.

  • 1Hymne en l’honneur de mademoiselle Rosalie de l’opéra.

Numéro
$2299


Année
1770




Références

Mémoires secrets, III, 1449-50