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Chanson sur l'air… [sic]

Prends pour toi, Tencin, ce que Pierre
Dit à Simon,
Si tu méprises ce tonnerre,
Quel abandon !
Rends, crois-moi, les nœuds que t’a faits
Ton injustice,
Ou tu vas tomber pour jamais
Au même précipice.

Te passerai-je sous silence,
Sœur de Tencin,
Monstre enrichi par l’impudence
Et le larcin,
Vestale peu rebelle aux lois
De Cythère,
Combien méritas-tu de fois
D’être vive enterrée.

Chez toi, toujours, vieille Rhodope
Furent reçus
Les favoris de Calliope
Et de Plutus,
Jamais ta belle âme à l’argent
Ne fut rebelle
Et ce ne fut que l’indigent
Qui te trouvas cruelle.

Écoute ma preuve, elle est vraie
Sans contredit,
Tant que l’insensé La Fresnaye
Eut du crédit,
Tant que chez lui l’argent roulait
Il sut te plaire.
N’eut-il plus rien ? Un pistolet
Vint bientôt t’en défaire.

Tu diras sans doute, âme noire,
Qu’il se tua.
Sans examen je veux le croire.
Que fait cela ?
Si mû par ta rapacité
Il s’extermine,
C’est toujours dans la vérité,
Ta main qui l’assassine.

Je connais bien d’autres victimes,
Âme sans foi,
Que vous égorgez par vos crimes,
Ton frère et toi.
Vos noires fourbes font périr
De saintes filles,
Dont les biens servaient à nourrir
Mille pauvres familles.

Pour Tencin la pourpre romaine
A des appas.
Le chemin qu’il a pris y mène
Nos renégats.
De Dubois il a les vertus
Et l’opulence.
Il soutient l’Unigenitus,
Il doit être Éminence.

Pour sa Sœur, qu’elle aille à Cythère,
Ce seul endroit
Peut lui fournir le monastère
Qu’il lui faudrait
Elle est un peu vieille à présent
Pour chanoinesse ;
Mais des novices du couvent
Elle sera maîtresse.

Numéro
$4766


Année
1726




Références

Clairambault, F.Fr.12708, p.297-99 -Maurepas, F.Fr.12635, p.161-63 -  F.Fr.13660, f°66-67 - F.Fr.15019, f°203-05 - BHVP, MS 659, p.90-93