Sur M. de La Motte
Sur M. de la Motte
Dans votre dessein téméraire,
Houdar, de critiquer Homère
Le Père Bossu, Racine, Despréaux
Ont disparu fort à propos.
Il fallait encore pour bien faire
Que l’inexorable Atropos
De Dacier vous eût pu défaire.
Il vient de sortir de sa main
Je ne sais quel diable de livre
Où son Homère va revivre
Sous son ancien nom de Dieu,
Et le vôtre tire à sa fin.
Je plains surtout votre jeune Iliade,
Elle est si faible et si malade,
Que l’on n’en espère plus rien,
Et la vieille se porte bien.
Quelle fureur au Parnasse
Saisit trois ou quatre fous.
Virgile, Longin, Horace,
Anciens, rassurez-vous :
Le grand critique d’Homère
Se trouve au plus à la fin,
Un malheureux plagiaire
Du malheureux Saint-Sorlin.
Réponse de La Motte
Certain baudet d’humeur cynique
Entendant chanter un serin,
Dit : fi, la vilaine musique ;
Notre chant est bien plus fin ;
Rien n’est égal au goût antique,
C’est sans contredit le plus fin.
A ces mots, il se mit à braire
Pour faire la comparaison.
L’oiseau fut contraint de se taire ;
Le bruit ébranlait la maison.
Dieu me garde, dit-il, d’un pareil adversaire,
M’a-t-il prouvé par son poumon.
F.Fr.9352, f°247