Sur les différents états
Sur les différents états
L’homme âgé
Damis aujourd’hui ne peut plus,
V’la c’que c’est q’d’avoir vécu.
S’il se marie d’être cocu
Il peut bien s’attendre.
On saura lui rendre
Ce que je crois lui être dû.
L’homme au grand nez
Damon de Cloris est aimé,
V’la c’que c’est q’d’avoir du nez
D’elle tout autre est refusé ;
Le cœur le plus tendre
N’y peut rien prétendre.
Le cocu aisé
Cléon jouit d’un gros revenu
V’la c’que c’est q’d’ être cocu.
Il s’enrichit de plus en plus
Sa femme est gentille
Et des plus habile.
Il entasse écu sur écu.
La jeune épouse d’un vieux
Je ne puis éteindre mes feux,
V’la c’que c’est q’d’avoir un vieux.
Un jeune me servirait mieux ;
Sans me faire attendre
Il saurait me rendre
Ce que l’on refuse à mes feux.
Le mari
Je suis craint, détesté, haï,
V’la c’que c’est q’d’être mari
Avant j’étais un adonis
Et de ma maîtresse
J’avais la tendresse.
Elle est ma femme, elle me fuit,
La Coquette
Célimène est sans amoureux
V’la c’que c’est q’d’en vouloir deux
Elle en eut un jeune et un vieux
Un pour la cuisine,
L’autre pour la mine.
Elle n’en a ni jeune, ni vieux.
Le Jaloux
Vous en tenez, mon cher époux,
V’la c’que c’est q’d’être jaloux,
Les cornes sont faites pour vous.
Femme que l’on gêne
Rompt bientôt sa chaîne
De se venger il est bien doux.
Le Curieux
Je l’ai vu, j’en étais curieux,
V’la c’que c’est q’d’avoir des yeux.
Ma femme sous un moine odieux.
Qu’allai-je donc faire
Dans cette galère ?
Ne rien savoir me valait mieux.
Le Cocu content
D’être cocu je suis content,
V’la c’que c’est q’d’aimer l’argent.
De ma femme le riche amant
Fait de la dépense,
À ses frais on danse,
Je souhaite qu’il soit content
La Sauteuse
Lise du double est augmentée,
V’la c’que c’est q’d’avoir fauté.
En dansant Lisette est tombée ;
En tombant la belle
Entraîne avec elle
Son amant qui, vous m’entendez,
L’Entreprenant
D’un morceau friand j’ai tâté
V’la c’que c’est q’d’être effronté
Toujours on m’avait refusé,
Avec moi la belle
Faisait la cruelle.
Du moment j’ai su profiter.
L’Indiscret
Cléon d’Iris est méprisé,
V’la c’que c’est q’d’avoir jasé ;
De faveurs il était comblé,
Il devait se taire ;
Ce tendre mystère,
Il a dit ; il a tout gâté.
La Baigneuse
Aminthe ne va plus sans panier,
V’la c’que c’est q’d’aller se baigner ;
Pendant qu’on est à folâtrer
Par une coulisse
Un traître se glisse,
Mais il n’est plus temps de crier,
L’Amoureux
Je brûe, Iris, des plus beaux feux ;
V’la c’que c’est q’d’voir vos yeux,
Qu’ils sont beaux ; hélas, ce sont eux
Qui causent la flamme
Dont brûle mon âme ;
Ils blesseraient même les dieux.
L’Indifférent
C’est sans fruit qu’on aime Catin ;
V’la c’que c’est q’d’aimer en vain.
Vous la voyez soir et matin
Recevoir l’offrande
Du cœur le plus tendre
En répondant d’un ton badin.
F.Fr.15134, p. 690-98