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Sur le mariage des enfants de Madame la maréchale de Noailles

Sur le mariage des enfants de Madame la maréchale de Noailles
Ma mère, vous avez eu
Une grande peine
D’avoir déjà pourvu
Une demi-douzaine.
Mais croyez-vous être au bout ?
Vraiment ce n’est pas tout,
Car la Da, Da, Da
Car la Da
Car la Yen
Car la Dayen peste
D’être encore de veste.

Et quand vous la marieriez
En seriez-vous quitte ?
Après cela vous auriez
Encore une suite.
N’en apercevez-vous pas
Encore une sur vos bras ?
Déjà Man, Man, Man,
Déjà Sac, Sac, Sac,
Déjà Man,
Déjà Sac
Déjà Mansac crie
Que l’on la marie.

Mon fils dans ce mauvais temps
Se plaint de misère.
Pour marier tant d’enfants.
Comment faut-il faire ?
Et comment avez-vous fait
De ce galant si parfait ?
La Gui, Gui, Gui, Gui
La Che, Che, Che, Che,
La Guiche en gage
Cherchait mariage.

Et comment avez-vous fait
Pour la seconde,
Qui dit qu’elle voulait
Être dans le monde ?
Vous vous êtes pressés,
Nos voisins, de la placer,
Que la Coat, Coat, Coat,
Que la Quin, Quin, Quin
Que la Coatquin dise :
Qui l’a si bien mise ?

Avez-vous servi plus mal
Cette jeune belle
Qui du grand vice-amiral
Tourna la cervelle ?
Leurs attraits sont-ils moins doux ?
Pour quel sujet voulez-vous
Que la Des, Des, Des,
Que la Tré, Tré, Tré
Que la Des, que la Tré
Que la D’Estrées règne
Et sa sœur se plaigne ?

Lorsque vous avez voulu
Vous choisir des gendres,
A vos pieds vous avez vu
Les cœurs les plus tendres
D’un mignon, gentil, poli,
Tout plein d’esprit, tout joli,
Bientôt La, La, La,
Bientôt Va, Va, Va,
Bientôt La,
Bientôt Va,
Bientôt La Vallière
Crève la visière.

La cinquième sans sortir
Hors de sa famille
Trouve de quoi s‘assortir
D’un parti qui brille
Et sans avoir eu besoin
De porter l’amour plus loin
La Beau Ma, Ma, Ma,
La Beau Noir, Noir, Noir,
La Beaumanoir laisse
Chez soi la tendresse.

Quand il a fallu venir
Jusqu’à la sixième,
Vous avez su lui fournir
Ce qu’un bon cœur aime.
Sur la glissoire d’amour
Que chacun glisse à son tour.
Si la Gon, Gon, Gon
Si la Drin, Drin, Drin,
Si la Gon,
Si la Drin,
Si la Gondrin passe,
Qu’on suive sa trace.

Toutes ont eu des époux
A la fleur de l’âge.
Elles ont reçu de vous
Ce doux avantage.
Deux dernières n’ont rien eu,
Cela leur paraît bien cru
Ainsi que, que, que,
Ainsi les, les, les,
Ainsi que
Ainsi les
Ainsi que les autres
Ces deux-là sont vôtres.

Le Culot est révolté,
La chose est certaine,
Le couvent est déserté,
Il fait trop de peine.
On aime bien mieux causer,
Folâtrer, rire et danser
Que la di, di, di,
Que la sci, sci, sci,
Que la di,
Que la sci,
Que la discipline
Et chanter matines.

Culot, à quoi pensez-vous
De quitter le voile ?
Vous aviez un air si doux
Sous la blanche toile.
Ah, vive la liberté.
C’est un grand, grand, grand,
C’est un su, su, su,
C’est un grand,
C’est un su,
C’est un grand supplice
Que d’être novice.

C’est un rigoureux tourment
Qu’être en pénitence
Et garder incessamment
Un profond silence.
Et quand on pourrait parler
Peut-on vous dissimuler
Combien vous, vous, vous,
Combien de, de, de,
Combien vous,
Combien de,
Combien vous déroute
Une sœur écoute.

Mais un Culot doit savoir
Que pour l’ordinaire
Le parti qu’il peut avoir,
C’est un monastère.
Je n’y saurais plus rester,
Dès demain je veux jeter
Le froc aux, aux, aux,
Le froc aux or, or,
Le froc aux
Le froc or
Le froc aux orties.
Plus de réparties.

La maîtresse alors lui dit :
Adieu donc, ma fille,
Et Culot lui répondit :
Adieu donc la grille,
Adieu la communauté,
Je n’en ai que trop tâté.
Jamais je, je, je,
Jamais ny, ny, ny
Jamais je
Jamais ny
Jamais je n’y rentre,
Ce n’est pas mon centre.

Numéro
$2945


Année
1716




Références

Clairambault, F.Fr.12696, p.149-53 - Maurepas, F.r.12628, p.403-10 -