1726
Ayons la larme à l’œil
De voir dans le cercueil
Cette bonne duchesse,
Madame d’Orléans,
Au printemps de ses ans.
Ah Pour nous quelle angoisse.
Mort, qu’as-tu donc pensé
De nous avoir ôté
Cette aimable duchesse ?
Tu n’as point de raison
D’attaquer les Bourbons
Dans leur tendre jeunesse.
Étant près de mourir
Elle fit un soupir
Qui marquait sa tendresse
À Monsieur d’Orléans
Qui restait là présent.
Pour lui quelle tristesse !
D’un air doux et bénin
Elle a reçu très bien
Le très saint viatique
En disant : mon Sauveur,
Entrez dedans mon cœur,
Très divine relique.
Ayant dévotement
Reçu les sacrements
Ses adieux voulut faire.
Adieu, grand roi Louis
Priez que Jésus-Christ
Me place dans sa gloire.
Adieu, mon cher mari,
Puisqu’il me faut mourir
Ayez de moi mémoire.
De Chartres mon enfant,
Lorsque vous serez grand,
Pensez à votre mère.
Adieu, duc de Bourbon,
Priez Jésus si bon
Et sa très sainte mère.
Vous, prince de Conti,
Adieu me faut partir,
Faites pour moi prière.
Puisqu’il nous faut quitter,
Adieu mes amitiés,
Adieu, puissante reine
Aimable Leczinski
Qui m’a toujours chéri
Tout ainsi que soi-même.
Douairière d’Orléans
Qui m’aimiez tendrement,
Adieu, ma chère mère,
Chérissez mon enfant
Puisqu’il faut maintenant
Que je quitte la terre.
Adieu, grand empereur,
Les princes électeurs,
Adieu l’impératrice,
Priez d’un cœur contrit
Le seigneur Jésus-Christ
Que pour moi soit propice.
Mazarine Castries 3984, p155-58
Voir, identique, $5352