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Les Magistrats du Châtelet

Les magistrats du Châtelet1
Puisque nous n’avons plus de Nègre,
Formons un tribunal nouveau ;
Il est bon, pour le rendre intègre,
Que l’on révoque aussi Moreau.

Si Mazarelli nous délivre
Du joug de ce couple odieux,
Dans tout Paris je vous la livre
Comme un présent digne des cieux.

Dans ce temple de la justice,
Par ces deux monstres combattu.
Après avoir chassé le vice
On verra rentrer la vertu.

Le Sénat, pour sa propre gloire,
Des deux n’aura point de pitié ;
Ce serait perdre la victoire
De la remporter à moitié.

Nous devons au crime de Lhomme
De la justice le maintien ;
Aussi, dira-t-on, voilà comme
D’un mal il en arrive un bien.

L’argent fut le dieu tutélaire
D’un tel lieutenant criminel ;
Moreau, qui n’est point réfractaire
En prendrait jusques sur l’autel.

Nègre dit que la maladie
Ne lui permet plus d’exercer.
Il chante la palinodie
De ce qu’on lui vient annoncer.

C’est du sénat l’ordre suprême
Qui veut qu’il vende incessamment ;
Si Moreau peut faire de même
L’on rendra grâce au Parlement.

  • 1 - Le lieutenant criminel du Châtelet, Nègre, et le procureur du Roi, Moreau, ne furent pas à l’abri de tout soupçon dans l’affaire du sieur Lhomme. « On craint, écrivait Barbier, qu’il n’y ait eu malversation de la part de ces magistrats, qui ne sont pas absolument bien famés dans le public. Le lieutenant criminel est malade depuis longtemps et voudrait se défaire de sa charge. On dit que dans le récolement des témoins on les a tournés de façon à leur faire dire le contraire de leurs dépositions. Le public est bien indisposé tant contre lui que contre M. Moreau. » L’annulation de la procédure du Châtelet prononcée par le Parlement fut un « soufflet » pour le lieutenant criminel qui, moins d’un mois après, reçut l’ordre de donner sa démission. (R)

Numéro
$1104


Année
1751




Références

Raunié, VII,186-88 - F.Fr.15154, p.383-86 - BHVP, MS 661, f°113v-114v


Notes

Cf. $1103