sans titre
Adam1 n’était qu’un pauvre hère2
Un peu lettré,
Le barreau, la scène, la chaire
L’ont-ils titré ?
Son éloge est fait tout d’abord,
Adam vivait, Adam est mort.
A qui donnerez-vous la place
De cet Adam ?
Le juré crieur du Parnasse3
Met à l’encan
La gloire de prendre le pas
A côté de l’auteur des Chats4 .
A chaque choix faut-il qu’on sonne
Nouveau tocsin ?
Le corps en ne nommant personne
Prendra donc fin.
Soit, me répondent-ils, comptons :
Moins de sauce et plus de jetons.
Certain rimeur d’apprentissage
Est sur les rangs.
Clio reçut son pucelage
A quarante ans5 .
Esprit précoce ! heureux talent !
Que vous percez en peu de temps !
Au funèbre panégyriste
Du grand Villars6 ,
Houtteville, son analyste,
Doit des égards7 .
Vous accoleriez à propos
Ces enluminures de héros.
Mais sa dédicace authentique
Vaut le jeton8
Car de son larmoyant comique
Il vous fit don.
Plus intéressé dans son choix
Que l’auteur du Roman bourgeois9 .
- 1Cette chanson a été faite sur la place à l’Académie française qu’espérait obtenir l’abbé Desfontaines (M.)
- 2Académicien mort ; il était secrétaire des commandements de M. le prince de Conti (M.)
- 3L’abbé Desfontaines (M.).
- 4M. de Moncrif (M.).
- 5E – Le sieur Nivelle de la Chaussée qui a débuté à quarante ans par l’Épître à Clio, ce qui a donné ensuite La Fausse antipathie et Le Préjugé à la mode (M.).
- 6 l’abbé Séguy (M.).
- 7M. d'Houteville, de l'académie française, qui a retranché le nom du maréchal de Villars.
- 8M. Nivelle a dédié sa comédie de la Fausse antipathie à MM. de l'Académie française.
- 9M. Furetière, de crainte qu'on ne soupçonnât sa dédicace d'être intéressée, dédia son Roman bourgeois au bourreau.
Clairambault, F.Fr.12705, p.325-27 -Maurepas, F.Fr.12633, p.405-06 - Mazarine Castres 3986, p.321-23 - Lettres du commissaire Dubuisson, p. 150-51