Aller au contenu principal

Sonnet sur la naissance de M. le duc d’Aquitaine

Sonnet sur la naissance de M. le duc d’Aquitaine

             par M. Dunet de Neuveterre


Grand prince, puisqu’en vers quelquefois je m’escrime,

Souffre aujourd’hui qu’en vers je chante les beaux jours

Que font luire pour toi l’hymen et les amours.

Non, ma témérité ne saurait être un crime.

 

Que le cœur d’un Français facilement s’exprime ;

Les noms de mon héros volent à mon secours :

Si je nomme Bourbon, d’Aquitaine en concours

En animant mes vers viens enrichir la rime.

 

Mais que pourrais-je offrir de plus doux à tes yeux,

De plus digne de toi, de tes nobles aïeux,

Que tant de vœux formés aujourd’hui pour la France.

 

De toi, Prince, naîtront des héros généreux,

L’effroi des ennemis, l’appui de mes neveux.

Dieux ! pour eux quel bonheur ! pour nous, quelle espérance !

 

            Réponse au sonnet précédent

Dunet qui dans tes vers si sottement t’escrime,

Ton nom sera berné le reste de tes jours.

Quand on chante si mal l’hymen et les amours,

Le sifflet est le prix réservé pour le crime.

 

Si le cœur quelquefois trop faiblement s’exprime,

L’esprit sait à propos voler à son secours ;

Mais le cœur ni l’esprit nullement en concours

De tes vers languissants n’enrichissent la rime.

 

Le sonnet qu’aujourd’hui tu présentes à nos yeux

Est bien digne de toi, de tes nobles aïeux :

Jamais on n’en a vu de plus mauvais en France.

 

Cesse, cesse, Dunet tes efforts généreux,

Ils porteraient l’ennui jusques chez nos neveux.

Dieux ! pour eux quel malheur ! pour nous, quelle espérance !

Numéro
$7374


Année
1753 octobre




Références

F.Fr.10479, f°272r