Sonnet en bouts rimés
Sonnet
Philippe dans le cours de sa vaste carrière
A pas précipités descend dans le tombeau ;
De ses jours tout à coup s’est éteint le flambeau
Et ses hardis projets demeurent en arrière.
Il joignit le génie à l’audace guerrière ;
Nul triste préjugé n’eut place en son cerveau ;
L’Europe devant lui prit un aspect nouveau
Et seul contre vingt rois il servit de barrière.
Ses vices furent grands, plus grandes ses vertus ;
De fameux alliés par sa chute abattus
Sentent la perte seuls dont la France est frappée.
Il meurt sans sentiments et vécut sans effroi ;
Par ce coup imprévu la fortune trompée
Peut-être d’un tyran aurait fait un grand roi.
F.Fr.9352, f°267r