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Sans titre

                   Sur Gresset

Monsieur Gresset, un rosaire à la main,

Criait : Pardon, je rougis de ma vie.

J'ai fait pour vous certaine comédie,

Où l'ordonnance a fait rire Arouet.

Ah ! si le ciel pardonne ce forfait,

Jusqu'à la mort j'en ferai pénitence,

Le tombeau seul assure l'innocence.

Voyez le pauvre Diable1

De vers, de prose et de honte étouffé

Je rencontrai Gresset dans un café

Gresset doté du double privilège

D’être au collège un bel-esprit mondain

Et dans le monde un homme de collège,

Gresset dévot, longtemps petit badin,

Sanctifié par ses palinodies.

Il prétendait avec componction

Qu’il avait fait jadis des comédies

Dont à la Vierge il demandait pardon2 .

Gresset se trompe, il n’est pas si coupable.

Un vers heureux et d’un ton agréable

Ne suffit pas ; il faut une action,

De l’intérêt, du comique, une fable,

Des mœurs du temps un portrait véritable

Pour consommer cet œuvre du démon.

 
  • 1Raccord entre la première et la seconde édition.
  • 2 En 1769 M. Gresset fit une jolie amende honorable à la Sainte Vierge et a juré à l’évêque d’Amiens de ne plus faire parler de lui.

Numéro
$8397


Année
1734

Auteur
Dulaurens



Références

Stromates, I, 538


Notes

Extrait du Balai,  poème de Dulaurens. Les huit premiers vers appartiennent à la première édition. La suite est empruntée à la seconde (1763)