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Sans titre

C’est là que je vous vis, aimable Lecouvreur1 ,

Vous, fille de l’Amour, fille de Melpomène,

Vous, dont le souvenir règne encore sur la scène

Et dans tous les esprits, et surtout dans mon cœur.

Ah ! qu’en vous revoyant une volupté pure,

Un bonheur sans mélange envira tous mes sens !

Qu’à vos pieds, en ces lieux je fis fumer d’encens !

Car il faut le redire à la race future,

Si les saintes rigueurs d’un préjugé cruel

Vous ont pu dans Paris priver de sépulture,

Dans le Temple du Goût, vous avez un autel2 .

 
  • 1Voici comme Voltaire parle de Mlle Lecouvreur dans son Temple du Goût, page 32 à 33.
  • 2Adrienne Lecouvreur la meilleure actrice que le théâtre français ait jamais eu, et aura peut-être jamais, est enterrée sur le bord de la Seine, à la Grenouillière, près d’un terrain appartenant à M. le comte de Maurepas. On l’y porta à minuit, dans un fiacre, avec une escouade de guet au lieu de prêtres.

Numéro
$8316


Année
1731

Auteur
Voltaire



Références

Stromates, I, 59