Sans titre
Vers sur le Dixième imposé en 1741
Seigneur, votre équité toujours
Ne voit qu’avec dédain les secrets de l’impie ;
Vous souffrez quelque temps ses coupables détours,
Mais vous nous dévoilez enfin sa perfidie.
Les Français, prévenus, louaient le Cardinal
De sa douceur comme de sa prudence.
Ils ne pouvaient penser qu’on dût craindre aucun mal
Tant qu’il tiendrait le timon de la France.
Il est vrai, disait-on, qu’il protège à l’excès
Les corrupteurs de la morale,
Qu’il approuve tous leurs forfaits
Et qu’on érige en dogme une bulle fatale,
Que les ministres de l’autel,
Malgré leur sainte vie, irréprochable et pure
Éprouvent un destin cruel
Dès qu’ils n’adoptent pas l’erreur et l’imposture.
Cependant on croyait que, sensible à nos maux,
Pénétré de notre misère,
Il voudrait par bonté supprimer les impôts
Si ce n’était un malheur nécessaire.
Ah, s’il fut mort alors, par des pleurs et des cris,
On eût honoré sa mémoire.
Mais l’Éternel exprès a sans doute permis
Qu’à ses vrais sentiments on mesurât sa gloire.
En pleine paix, il nous fit voir son cœur,
Imposant le Dixième après une famine,
Afin qu’il soit connu pour un objet d’horreur,
L’opprobre de l’Église et des biens la ruine,
Que sans regret ni bénédiction
Il sorte de ce monde en exécration.
Clairambault, F.Fr.12709, p.379-80 - Maurepas, F.Fr.12635, p.377-78 - F.Fr.15150, p.121-23