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Sans titre

Or écoutez, petits et grands,

Le malheur de mes chers enfants,

Châtrés à la fleur de leurs ans,

Châtrés à la fleur de leurs ans1 .

 

J’ai grand regret à mon aîné.

Las ! je l’avais si bien marié.

Hélas ! le voilà donc châtré

Sans m’avoir laissé d’héritier.

 

Quel dommage des deux magots

Si vigoureux, le cul si chaud,

Si bien plantés sur leurs ergots

Qu’ils m’auraient fait des Monsereaux.

 

Il me restait mon fils, l’abbé,

Seul en état de proligner.

Las ! j’en ai fait un aumônier,

Je ne puis plus le marier.

 

Ensemble il nous faudra coucher,

Ma mie, et faire un héritier

Qui puisse nous dédommager

De tous nos pauvres enfants châtrés.

 

Mon fils, ne faut point vous flatter,

Ce que vous savez m’a manqué,

Vous auriez beau vous tourmenter,

Je ne saurais plus engendrer.

 

Que Dieu confonde le damné

Qui de chanter s’est avisé

Que nos enfants fallait châtrer

Et ma pauvre fille boucher.

  • 1Complainte du grand prévôt avec sa femme sur l'état déplorable de toute sa famille.

Numéro
$7846


Année
1715 ?

Auteur
Daudicourt



Références

F.Fr.9351, f°281 - F.Fr.15141, p.324-26


Notes

$7844-$7846 sont le manifeste d'une burlesque haine contre la famille de Monsoreaux que l'on voue aux pires sévices.