sans titre
Ma sœur, dans votre défaite1 ,
Recourez au Roi des Rois,
Cherchez-vous une retraite.
Je ne saurais
Renoncer à l’amourette,
J’en mourrais.
Dieu vous parle par ma bouche,
Sentez donc votre bonheur :
Lorsqu’il lui plaît, il nous touche,
Ecoutons-le donc, ma sœur.
Je ne saurais.
Taisez-vous, sainte nitouche,
J’en mourrais.
C’est lui qui de tout dispose,
Qui mène tout à son but
Et s’il a permis la chose,
C’était pour notre salut.
Je ne saurais
De cette métamorphose,
J’en mourrais.
Ma sœur, à combien de crimes
N’avons-nous pas donné lieu ?
Nous en sommes les victimes,
Rendons-en grâce à Dieu.
Je ne saurais
Suivre vos belles maximes ;
J’en mourrais.
Mais qu’elle est dnoc votre idée
Et quel dessein avez-vous ?
De la cour une exilée
Doit se fourrer dans un trou.
Je ne saurais,
Si je n’étais plus aimée,
J’en mourrais.
Monseigneur, mon divin Maître,
Ayez pitié de ma sœur ;
De se pouvoir reconnaître
Accordez-lui la faveur.
Taisez-vous
Je retrouverais peut-être
Un époux.
Mêlez-vous de votre affaire,
Moi, je veux vivre à mon goût.
Je veux aimer, je veux plaire,
Cela soit dit entre nous.
Je saurai partout me faire
Un joujou.
Sèche, noire et surannée,
C’est bien à vous à causer,
Mais moi, blanche et potelée
Qui pourra me refuser,
Taisez-vous,
De la cour débarrassée
Je m’en joue.
- 1Certains textes du MS F.Fr.15140, notamment les numéros $7759-$7772 traitent, après bien d’autres, quelques épisodes de la guerre de succession d’Autriche, notamment pour les années 1743-45 : éloge patriotique des armées françaises sous la conduite de Louis XV, maladie du Roi à Metz, renvoi de la favorite du moment, la duchesse de Châteauroux. Y figurent également deux têtes de turc, le maréchal de Noailles dont on ne cesse de moquer l’incompétence voire la lâcheté ; et le général des armées ennemies, Charles de Lorraine, également incompétent et de plus ivrogne. Ces textes ont deux caractéristiques, dont la seconde dépend de la première : ils sont visiblement le fait d’une même plume, d’une rare maladresse, et souvent d’une parfaite incohérence. De ce fait, on ne les retrouve nulle part ailleurs, les recueils postérieurs ne s’étant pas souciés de reprendre des poèmes d’une aussi totale médiocrité.
F.Fr.15140, p.212-14 - F.Fr.21750, f°17v