Sans titre
Le conseil de la guerre en France
Est formé de gens en faveur.
L’un fait des vers à toute outrance1 ;
L’autre est un excellent flûteur 2
L’autre fait la guerre à Genève3
D’amour l’autre a le chef branlant4
Le plus vieux, hélas, toujours rêve,
Le reste est je ne sais comment. (bis)
Notre flûteur par excellence,
La veille qu’il dût commander
Pour cacher son insuffisance
Dans la plaine fit jalonner.
Mais voyez un peu la malice :
La jeunesse de ces cantons
Ayant découvert l’artifice
Le soir enleva les bâtons. (bis)
Quand le grand jour de la manœuvre
Il ne trouva plus ses jalons,
De son ignorance il fit preuve
Et dit à Geoffroy sans façon :
Comment diriger mes colonnes ?
Pour ma gloire, quel coup fatal !
En main, nos leçons étaient bonnes,
Sans jalons, plus de général.
Le fameux tailleur de l’armée5
Pour prolonger douze escadrons
Présente sa ligne formée
En inversant des pelotons.
Le même docteur en manœuvre
Au trot fit charger un buisson
Et manqua, pour dernier chef-d’œuvre,
De culbuter un bataillon. (bis)
Ce conseil depuis sa naissance
Pour tout faire a tout renversé.
Il est vrai que pour récompense
Il nous donne un pas cadencé,
Pas qu’on doit marcher en voyage,
À la manœuvre, en tous les temps
Dont on use pendant l’orage
Pour noyer quelques régiments. (bis)
Dans la foule d’ordonnances
Dont ces Messieurs ont accouché,
Celle qui traite des finances
Est d’un savoir rare et caché.
Mais celle de la discipline
Qui menace notre réveil
Produira l’effet de la mine
Et fera sauter le Conseil. (bis)
Sans le prince qui nous commande,
Et trois ou quatre honnêtes gens
On nous verrait dans la légende
Inscrits comme martyrs du temps.
Protégez-nous, généreux prince,
En dépit de ces charlatans
Dont le mérite et aussi mince
Que l’esprit et que les talents. (bis)
BHVP, MS 555, f°148r-149r