Sans tite
Tandis que dorment nos soldats1
L’on voit batailler nos prélats.
Encore une fois La Rochelle,
Pour la foi devient infidèle.
Contre elle par un coup fatal
Combat encore un cardinal,
Et pour en détourner l’intrigue
Il dresse une seconde digue.
Ce héros, le premier au feu,
De la guerre se fait un jeu ;
Sans crainte il voit redoutes, mines,
Glacis, contrescarpes, courtines.
En vain les bataillons épars
Défendent l’accès des remparts,
On le va voir, quoiqu’il ne bouge,
Le battre en brèche à boulet rouge.
Plus immobile que le roc
D’un pied ferme il soutient le choc.
D’abord il semble qu’il n’y touche
Plus la foudre sort de sa bouche,
De toutes parts sous ses drapeaux
Marchent curés, doyens, ruraux.
Nul danger ne les déconcerte
Par eux la tranchée est ouverte
L’Herminier, Habert et Janin,
Gens de cour et d’un esprit fin
Ont pris d’assaut le For-L’Evêque
Et sur la ville ont hypothèque.
De là le chevalier Luçon
On a démonté le canon,
Gap effrayé d’une grenade
Veut déjà battre la chamade
Doucin avec soumission
Vient se rendre à discrétion.
Enfin, sans autre préambule
La place en secret capitule.
Il est dit que la garnison
Est coupable de trahison
Et qu’après l’avoir désarmée
La troupe sera décimée.
Le bourgeois et bas-officiers
Demeureront tous prisonniers.
En mission avec les Pères
Ira Chamflour2 à Finistère,
Le Sere3 à Monomotapa
Et Malissolle4 en Canada
Afin que l’ardeur qui les pique
Trouve en ces lieux plus de pratique
Et que, laissant la France en paix,
La foi vive ou meure à jamais.
Clairambault, F.Fr.12695, p.11-13 - Maurepas, F.Fr.12627, p.4-6