Senez, votre indocilité
N’est plus guère à la mode.
Point tant de singularité,
Rendez-vous plus commode.
Obstiné, voulez-vous périr ?
Un collège d’apôtres
Va vous noter et vous flétrir
Faites comme les autres.

Cessez de bouche et par écrit
De prêcher et défendre
Le don gratuit du Saint Esprit.
Simon1 va vous l’apprendre,
Il en est juge compétent.
Ses preuves sont publiques ;
Fidèle, il a payé comptant
Le prix fait des reliques.

Appelez tant qu’il vous plaira
Au plénier concile.
Le concile d’Embrun s’en tira,
L’appel n’est plus qu’un style.
Voulez-vous qu’un autre Simon
De tous vos faits connaisse ?
Il est éclairé, juste et bon,
J’en connais la sagesse.

Vous avez grand tort en tout point,
C’est Doucin qui l’assure.
Croyez-moi, ne disputez point,
Évitez la censure.
Votre salut est entre vos mains,
Et malgré vos carêmes2
Pour se sauver tous les humains
Ils n’ont besoin que d’eux-mêmes.

Le synode était au cercueil,
Vous le faites revivre,
Mais autant vous en pend à l’œil,
On commence, on peut suivre
Votre belle félicité
Va penchant sur les rives.
Rayez, Messieurs, l’impunité
De vos prérogatives.

Votre projet est merveilleux,
Votre méthode est bonne ;
Méprisez d’un air sourcilleux
Le radoteur d’Hippone.
Laissez les mœurs, vivez content,
Mais contre la doctrine,
Très Saint Père, dans tous les temps
Faites jouer la mine.

• 1 Benoît XIII, successeur de Simon Pierre (Castries).
• 2 M. de Senez, fameux prédicateur a prêché plusieurs carêmes devant Louis XIV. (Castries)