Sonnet sur l’abdication du roi d’Espagne
Sonnet sur l’abdication du roi d’Espagne
Quel prodige ! un grand roi, dans l’été de ses ans,
Renonce à ses États, abdique la couronne ?
Ce trait est singulier et des plus surprenants.
L’amour-propre en médit, l’univers s’en étonne.
Les uns disent : Philippe a manqué de bon sens
En ne conservant pas le rang que Dieu lui donne ;
Les autres, qu’il fait un acte des plus grands,
Quand pour l’humble Sauveur, sa pourpre il abandonne.
Il est vrai qu’on n’obtient l’heureuse éternité
Qu’en cherchant ici-bas la sainte humilité,
Avec l’orgueil humain vertu toujours en guerre.
Ah ! je dis que ce prince en tout judicieux,
N’a cessé, jeune encore, de régner sur la terre
Que pour être plus sûr de régner dans les cieux.
Arsenal 3128, f°128v