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Sans titre

Qu'on taise ou dise que Voyer1
Expose l'État, joue son maître ;
Que sans talent pour tout métier,
Le Roi soit seul à le connaître ;
Ah ! le voilà, ah ! le voici !
Celui qui n'en a nul souci.

Que le duc de Chartre, ébloui
Des charmes de sa chaste femme,
Croie que son fils est de lui,
Qu'un autre à bon droit le réclame ;

Qu'en oubliant sa dignité
Dans sa chambre disant la messe,
Son père à la divinité
Croie faire agréer sa faiblesse ;

Que le comte de Charolais2 ,
Fol de ses captives maîtresses,
Passe sa vie dans les forêts
Et qu'il borne là ses prouesses ;

Que Clermont, homme à tout métier ;
Change sa crosse en une épée ;
Que, de tout Paris méprisé,
Il fasse tapage à l'armée ;

Que le grand prince de Conti3
Dans son Isle-Adam se confine
Croyant que pour prendre Coni
Le roi in petto le destine ;
Ah ! le voilà, ah ! le voici !
Celui qui n'en a nul souci !

  • 1Le comte d’Argenson, secrétaire d’État de la guerre. (R)
  • 2« M. le comte de Charolais tient, depuis près de vingt ans, Mme de Courchamp, femme d’un maître des requêtes, en chartre privée, laquelle il a enlevée, qu’il tient en captivité et malgré elle, et qui aurait été bien plus heureuse dans sa maison. » (Journal de Barbier, 1750.) (R)
  • 3Le prince de Conti, après ses victoires sur le roi de Sardaigne, avait été obligé, en 1744, de lever le siège de Coni. Il avait servi depuis avec distinction en Allemagne et aux Pays‑Bas, mais l’inimitié de Mme de Pompadour le fit écarter des armées : aussi Barbier écrivait au mois d’avril 1747 : « Il a vendu tous ses équipages, et ne servira point. Son titre de général lui sera inutile. Il fera sa campagne dans sa maison de l’Isle‑Adam. » (R)

Numéro
$1055


Année
1748




Références

Raunié, VII,125-27 - Clairambault, F.Fr.10718, p.303-04