

La révolution de 17881
Du monarque trompé la sagesse s’éclaire,
Les sinistres fauteurs du pouvoir arbitraire
Dans l’exil à leur tour sont chassés par nos cris,
Et le peuple indigné les dévoue au mépris.
A leur chute, signal de la publique joie,
L’aveugle despotisme abandonne sa proie ;
La nation respire, et, libre désormais,
Reporte vers son Roi des regards satisfaits.
Thémis, à qui la force imposait le silence
En brisant dans ses mains son glaive et sa balance,
Relève dans nos murs un front calme, assuré,
Par la foudre frappé sans en être altéré.
D’un zèle incorruptible encor plus animée
Elle déploie aux yeux sa pompe accoutumée,
Et rentre dans son temple, aux hommages flatteurs
D’un peuple qui la suit en la couvrant de fleurs2.
Son retour fait pâlir ceux dont l’avare audace
Brigua l’honneur honteux de siéger à sa place.
De leur pourpre avilie ils détournent les yeux ;
Pendant que sans repos, voltigeant autour d’eux,
Avec son dard aigu, le léger ridicule
Tourmente en souriant leur bassesse crédule.
De tous les citoyens les vœux sont triomphants !
Un père tôt ou tard revient à ses enfants.
Ah ! le rayon du jour a percé le nuage !
Ne désespérons plus d’échapper au naufrage ;
Dégageons le vaisseau par un commun effort,
Et, malgré les écueils, il va rentrer au port.
La voix de la justice est du trône entendue :
A ses antiques droits la nation rendue
Sous un roi citoyen va se régénérer ;
Quand l’union renaît tout se peut réparer.
L’astre qui dissipa la nuit de la finance
Se lève de nouveau dans le ciel de la France3.
Le peuple a retrouvé son ministre chéri,
Et Sully de retour nous ramène Henri.
Numéro $1601
Année 1788
Auteur Baillot
Description
36 vers
Références
Raunié, X,295-98
Mots Clefs Retour du parlement, démission des ministres, promesse de renouveau