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Sans titre

Quatrain attribué à Rousseau
Trois déesses jadis par leur division
Mirent en feu l’Asie entière ;
Trois reines aujourd’hui par leur ambition,
Font de l’Europe un cimetière.

Réponse
L’auteur de ce quatrain nous triche ;
Ou bien il connaît mal la source de nos maux.
Qu’ont fait nos reines ? Rien ! l’audacieuse Autriche
Seule a plongé l’Europe en des troubles nouveaux.
Sur des biens usurpés sa puissance établie,
A sous un joug avare opprimé l’Italie ;
Elle a de la Pologne exigé que ses rois
Ne pussent, quoiqu’élus, régner que par son choix ;
Elle a, pour écraser la Pologne asservie,
Animé le Saxon, armé la Moscovie,
Et dans plus d’un écrit par la haine dicté,
Du sage Stanislas flétri la dignité.
Par un fatal décret comblant ses hardiesses,
Deshéritant ses sœurs, ses filles et ses nièces,
Et voulant de l’empire éterniser les fers,
Elle a pour ce sujet chicané l’univers ;
Elle outrageait l’Espagne, elle insultait la France
De son frivole orgueil quel est enfin le fruit ?
Abandonnée aux coups d’une juste vengeance,
Elle implore à grands cris la tardive puissance
D’un peuple1 que ses pleurs n’ont point encore séduit2 .

  • 1L’Angleterre (M.)
  • 2Les trois reines dont parle Rousseau dans le quatrain dont on vient de voir la réponse sont Leckzinska, femme de Louis XV et fille du roi de Pologne ; Anne, impératrice de Russie ; Elisabeth, reine d’Espagne (M.).

Numéro
$3778


Année
1735 avril




Références

Bois-Jourdain, II,169-70