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Il faut plaire à Pompadour

Il faut plaire à Pompadour
Vous allez commander l’armée,
Brave Clermont1 ,
Vous avez bonne renommée,
Un très grand nom.
Mais il faut plaire à Pompadour2 ,
Vive l’amour !

Vous gagnerez une bataille,
En général,
Si vous ne faites rien qui vaille,
Tout est égal,
Songez à plaire à Pompadour.

Versons pour la reine d’Hongrie
Tout notre sang ;
Donnons-lui, pour la Silésie,
Tout notre argent,
Elle a su plaire à Pompadour3 .

Ce traité si peu raisonnable,
Fait par Bernis4 ,
Nous paraît trop déraisonnable ;
Mais tout est dit,
Il a su plaire à Pompadour.

Notre royaume périclite
Et tout périt ;
Notre Roi comme un Démocrite
S’en fiche et dit :
Je trouve ce fardeau trop lourd,
Vive l’amour !

  • 1« Le Roi a nommé M. le comte de Clermont, prince du sang, pour commander l’armée du maréchal de Richelieu qui demande à revenir. Le prince est aimé des troupes. Il a servi sous le maréchal de Saxe. Il n’a fait à la vérité que des sièges, mais il aura avec lui M. de Chevert, M. de Saint‑Germain et autres des plus habiles lieutenants dont il écoutera et suivra les conseils. » (Journal de Barbier, janvier.) (R)
  • 2« Le crédit de Mme de Pompadour est, dit‑on, au plus haut point, les ministres vont lui rendre compte de tout avant qu’il en soit question au conseil. Elle se mêle du militaire et de toutes les affaires d’État. Elle a beaucoup d’esprit, à la vérité ; mais n’est‑ce pas trop entreprendre ? » (Ibid.) (R)
  • 3Tandis que Frédéric II s’attirait l’inimitié de Mme de Pompadour par ses plaisanteries sur les amours de Louis XV et sur le règne des cotillons, Marie‑Thérèse captait la favorite par ses adroites flatteries. De là le traité de neutralité et d’alliance défensive avec l’Autriche, signé à Versailles, le 1er mai 1756, par l’abbé de Bernis et le comte de Stahremberg. (R)
  • 4François‑Joachim de Pierre, abbé de Bernis (1715-1794), s’était de bonne heure fait connaître à la cour par son esprit et ses jolis vers, auxquels il dut le surnom de Babet la bouquetière. L’amitié que Mme de Pompadour avait pour lui lui valut de grandes faveurs. Il devint successivement ambassadeur à Venise (1751), conseiller d’État, secrétaire d’État des affaires étrangères (1755) et cardinal. Disgracié en 1758, il se fit ordonner prêtre et fut nommé archevêque d’Albi ; en 1768, il reçut l’ambassade de Rome qu’il conserva jusqu’en 1791. (R)

Numéro
$1173


Année
1758




Références

Raunié, VII,291-92 - F.Fr.15140, p.387-88