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Édit du Roi

Édit du Roi1
De par le roi, Louis-Auguste2 ,
Louis, soi-disant bie-naimé,
Soit à tout jamais diffamé
Pour son gouvernement injuste ;
Soient ses édits comme outrageants
Et faisant méchamment injure
A la sainte magistrature,
Mis avec opprobre au néant.
Tous contumaces et rebelles
Cassés par lui soient rétablis :
Soient renvoyés confus, bannis,
Tous ceux qui lui furent fidèles ;
Pour nous et pour nos successeurs,
Disons et nous plaît reconnaître
Le Parlement pour notre maître,
Et nous ses humbles serviteurs.
Pour cet effet, nous, en personne,
Accompagnés de tous nos pairs,
Venons au-devant de ses fers,
Mettre au greffe notre couronne,
Pour qu’aucun ne puisse ignorer
Qu’à nos ordres on ne se prête,
Si notre Parlement n’arrête
Que c’est le cas d’obtempérer.
Contre notre branche royale,
En faveur du duc d’Orléans
Et des princes ses adhérents,
Liberté pleine à la cabale ;
Ne voulant toutefois par là
Que notre autorité périsse ;
Entendons qu’il nous obéisse
Quand nous ferons ce qu’il voudra,
Si vous mandons qu’en diligence
Le présent vous fassiez tenir ;
Car tel est notre bon plaisir
De n’être roi qu’en apparence,
Sans conseil, et sans chancelier ;
Au comité de tout  battre,
L’an mil sept cent septante-quatre
De notre règne, le dernier.

  • 1Satire composée à l’occasion de la suppression du Parlement Maupeou. — Dès la fin du mois de septembre, les membres de l’ancien Parlement avaient été rappelés à Paris, et le 12 novembre le Roi alla tenir au Palais un lit de justice pour les rétablir dans leurs fonctions. « Il déclara aux princes et aux pairs qu’il avait résolu de rappeler l’ancien Parlement et de faire un grand Conseil du nouveau. Ensuite il fit entrer l’ancien Parlement qui attendait dans la chambre Saint‑Louis, il le rétablit dans ses fonctions, et sans récriminer sur le passé, il parla avec fermeté sur le zèle et sur l’obéissance qu’il attendait à l’avenir. M. de Miromesnil lut ensuite un édit où plusieurs articles regardaient la circonstance présente ; ceux de police disaient en substance que l’assemblée des Chambres ne pourrait plus avoir lieu que hors des heures de service ordinaire. A l’égard des remontrances, le Roi en confirmait le droit enjoignant en même temps d’enregistrer, si Sa Majesté ne trouvait pas les raisons assez fortes pour changer quelque chose à ses édits, déclarations ou ordonnances avec expresse défense de mettre aucun empêchement à l’exécution de ses volontés ; laissant cependant au Parlement le droit de faire d’itératives remontrances. Le Roi défendait de plus la cessation du service et de donner des démissions en corps sous peine de forfaiture… Quoique tout ce qu’on vient de rapporter ne fût guère du goût du Parlement et qu’en toute autre circonstance cela eût suffi pour lui faire prendre feu et le porter aux dernières extrémités, la situation des choses lui fit dissimuler et même demander l’enregistrement de l’édit. » (Mémoires du baron de Besenval.) (R)
  • 2Voici encore une plaisanterie méchante sur l’affaire des parlements ; cette pièce de vers vient tard, et sera sans doute la dernière sur un événement déjà oublié dans un pays où tout vieillit promptement (CLS, 1775) - Voici une plaisanterie fort méchante sur l'affaire de parlements (Correspondance secrète)

Numéro
$1373


Année
1774




Références

Raunié, IX,17-19 - CLS, 1775, p.34-35