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Réponse à la critique du salon des tableaux

Réponse à la Critique du salon des tableaux1
O toi, qui dans un galetas
Devrais végéter solitaire
Avec les hiboux et les rats,
Plutôt que tenir cour plénière,
Entouré de gitons, qui bientôt sur tes pas
De Duchauffour vont rouvrir la carrière,
Crois-tu qu’en tes sales États
Apollon ait un sanctuaire ?
Dans ton taudis, Archiloque nouveau,
Contente-toi d’outrager la nature ;
Tu ne la vis jamais en beau,
Comment peux-tu parler peinture ?
C’est Henri trois qu’en grand tableau
Tu voudrais voir, et tous nos c… en miniature,
F… et poète à contre-sens,
Une autre plume que la tienne
Saura peindre et braver le Temps,
Pour toi, plus vieux à trente ans que Silène,
Tu borneras ton priape ignoré
A la culotte subalterne
Du petit commis surdoré,
Qui, pour quelques écus, le b… et le gouverne.
Ne fais jamais à Vénus d’ex-voto,
L’amour ferait laides grimaces,
Quoiqu’il t’enflamme incognito,
Pour les chastes fessiers de ces modernes grâces
Que la halle nouvelle offre par numéro.
Va t’ébaudir sur leurs cuirasses,
Petit marquis du dernier rang.
Écrivain du plus bas mérite,
Ne souille plus de papier blanc,
Ou notre école, à coups de pomme cuite,
Jusque dans tes chars vernissés
Poursuivra ta muse enfumée ;
Assez, sur toi, de travers entassés,
D’un cornet à bouquin arment la renommée,
Et selon l’ordre et le bon sens
Le temple de Mémoire est arrangé de sorte
Que Vernet et Pigal seront placés dedans,
Et que de loin Villette en lorgnera la porte.

  • 1Par un élève de l’Académie royale de peinture. (M.) L’auteur s’adresse au marquis de Villette, en lui emprun­tant ses rimes. (R)

Numéro
$1438


Année
1777

Auteur
élève (Un) de l'académie royale de peinture



Références

Raunié, IX, 132-33 - F.Fr.12652, p.494-95 - Mémoires secrets, X, 236-38