Réponse à la parodie tirée de l’École des femmes. [$4093]
Réponse à la parodie tirée de l’École des femmes. [$4093]1
Agnès à Arnolphe
Ne croyez pas, de Prie, en quittant mon rosaire
Que jamais vous soyez mon ange tutélaire.
Je rougirais de prendre et d’avoir pour conseil
Une autre Bethsabée en horreur à tout œil.
Notre Roi vous connaît et cent fois la journée
Devriez-vous frémir sur votre destinée.
L’état de Berthelot où vous avez été
Doit vous humilier de voir qu’avec bonté
Sans nulle qualité, pas même demoiselle,
Près de moi cependant l’honneur vous y appelle.
Je tremble que le ciel armé de son courroux
De cet injuste choix ne se venge sur vous.
Si l’Infante trop jeune est rendue à l’Espagne,
Si je suis préférée à toute l’Allemagne,
C’est vers Dieu que se porte mon cœur avec mes yeux
Pour toujours le louer d’un nœud si glorieux.
Imitez ce modèle qui toujours vous instruise
Pour mériter la place où Bourbon vous a mise.
Sachez bien vous connaître et sans cesse avouez
Qu’aveugle dans ce choix, il ne peut s’en louer.
Le grand roi qui m’épouse en me déclarant reine,
Je peux goûter en paix les plaisirs les plus doux,
Qui, m’étant réservés n’iront pas jusqu’à vous.
En vain prétendez-vous par votre indépendance
Usurper sur le Roi la suprême puissance.
Louis n’est plus enfant. S’il veut prêter son nom
On vengera bientôt bien des maux sur Bourbon.
Je sais son peu d’esprit ; c’est ce qui pourra faire
Qu’on n’aura pas de peine à cesser de lui plaire.
Pourquoi tant de leçons ? une seule m’instruit.
L’unique amour du Roi est ce qui me conduit.
Par un semblable hymen vous avez plus qu’un père
Faites donc ce que fait le moindre petit frère
Allez voir votre époux avec docilité,
Soumettez-vous avec humilité.
C’est ainsi que vous parle une Reine de France
Qui ne peut vous souffrir. Loin de votre alliance
Embrassez ce parti que toutes chérissons,
Mais qui devient affreux si nous le haïssons.
Si vos pas désormais se règlent sur les nôtres,
J’aurai un vrai plaisir de ménager les vôtres.
Mais si par un énorme et funeste attentat
Vous vous mêlez toujours des affaires d’État
Votre indigne conduite est la preuve certaine
Que pour vous renvoyer je n’aurai pas de peine.
Votre haineux désir, il en a des raisons,
Non pour planter du bois, mais mener des dindons.
- 1Pratiquer l’art des bouts-rimés n’est, semble-t-il, pas à la portée de tout le monde. La coquetterie de répondre à $4093 sur les mêmes rimes a pour conséquence un texte à peu près incohérent. Son extrême médiocrité doit être la raison de son absence des nombreuses occurrences du texte auquel il prétend répondre.
Arsenal 2975, p.44-46