Sans titre
Vers à ce sujet1
Ministre du gaulois empire
Où, malgré la triste saison,
Le dieu Momus donne le ton
Pour nous divertir et pour rire,
Qu’avons-nous besoin d’histrions ?
Tous vos druides en furie
Avec leurs constitutions,
Leurs billets de confession,
Et leurs traverses et leurs folies
Tout ce qu’à Paris, à la Cour,
On voit arriver chaque jour
N’est-ce pas une comédie ?
Autre
À Paris, on tempête, on crie
Pour billets de confession.
À Marseille on est en furie
Pour des billets de comédie.
Hélas, dans quel siècle vit-on ?
Lettre de M. le Comte de Saint-Florentin aux échevins de Marseille
Je suis informé, Messieurs, que, dans l’espérance d’une diminution du prix des places de la comédie, et pour la rendre pour ainsi dire nécessaire, il s’est fait des cabales pour n’y plus aller, qu’il est des paris ouverts à qui n’y ira pas ; qu’il y a même des gens assez malintentionnés pour tâcher de diminuer le crédit des directeurs. Les bontés que j’ai pour la ville m’engagent à vous prévenir sur les inconvénients auxquels elle s’expose. Il n’y a absolument aucune diminution à espérer. Le Roi ne veut pas en entendre parler. Si par entêtement, par intérêt ou par fausse vanité, on s’obstine à abandonner le spectacle, et que par ce moyen, ou d’autres manœuvres, le directeur ne puisse plus le soutenir, je proposerai au Roi de donner des défenses pour qu’il ne puisse à l’avenir s’établir aucune troupe dans la ville. Vous ne sauriez trop communiquer ma lettre, ni faire trop d’attention à ce que je vous marque, parce que l’effet suivra de près les menaces. Je suis…
Réponse des échevins
Nous avons répandu dans le public, suivant les ordres de Votre Grandeur, la lettre que vous nous avez fait l’honneur de nous écrire. Les tenants du spectacle, ceux qui le fréquentent avec le plus d’assiduité n’en sont plus curieux. Peut-être l’éloquence et le zèle de M. l’évêque ne contribue pas moins à ce changement que l’intérêt ou la fausse vanité. Ce prélat déclame et fait déclamer sans cesse contre le théâtre, les spectateurs et le spectacle. Si le Roi défend qu’il ne s’établisse à l’avenir aucune troupe dans notre ville, nous reprendrons l’une des anciennes coutumes de nos illustres aïeux. Vous savez, Monsieur, que dans les beaux jours de notre république, lorsque nous donnions des lois au lieu d’en recevoir, nous fermions les portes aux histrions, de peur qu’ils ne vinssent altérer la pureté de nos mœurs. Nous sommes, etc.
- 1La Requête présentée par les Comédiens-Français ($4561)
F.Fr.10479, f°241 - BHVP, MS 703, f°31r - Lyon BM, ms 760, f°22v-25v - Barbier, V, 406 - Jean Balcou, Le Dossier Fréron (1975), p.83 - Amusements historiques (1753), t.I, p.174
Présentation de l'épisode en $4561