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Sans titre

Que tout le monde calotin
Rende hommage au grand Saint-Martin1 .
De ce grand corps il est le maître ;
Pour tel il s’est fait reconnaître
À Livry, le vingt-huit de mai
En certain greffe renommé
On donnera la note
Et plan, plan, plan
Gloire au Régiment
De la Calotte.

Ce jour à jamais solennel
Mérite un honneur immortel.
Laissons donc le cercle solaire
Ne dansons plus que du lunaire,
Que par Colombat imprimé
Tout vingt-huit du mois soit nommé
Le jour de la marotte.
Et plan, plan, plan
Gloire au Régiment
De la Calotte.

Plus amateur que fut Torsac
De Cyrano de Bergerac
Il mérite encore plus de gloire
Puisque pour première victoire
Il met Phébus en lunaisons
Et qu’il veut que de ses maisons
La lune le dégotte.
Et plan, plan, plan
Gloire au Régiment
De la Calotte.

Voilà le peuple calotin
Bien illustré par Saint-Martin
Dans les cases des douze signes
Il placera les plus insignes
Du genre de chaque action
Vierge, Belier, ou Scorpion
Marqueront l’anecdote.
Et plan, plan, plan
Gloire au Régiment
De la Calotte.

  • 1 Le Régiment de la Calotte, dont voici l’histoire en abrégé, prit naissance sous Louis XIV et la première idée des instituteurs était de former une société qui aurait pour but de corriger les mœurs, de réformer le style précieux et à la mode en le tournant en ridicule et d’ériger un tribunal opposé à celui de l’Académie française. M. Aymon, portemanteau du Roi, et m. de Torsac, exempt des gardes du corps, avec d’autres, ayant plaisanté sur un mal de tête qu’un d’eux avait, mirent une calotte de plomb sur la tête du malade, qui crut s’en trouver mieux. Ils jugèrent que ce remède serait encore meilleur pour la guérison des cerveaux, et ils conclurent de créer un régiment qui se nommerait de la calotte et qu’il serait composé de tous ceux qui par quelque ridicule mériterait d’y être admis. Aymon fut déclaré colonel unanimement. Il fit faire des étendards, où la calotte occupait la place principale, ornée de cornes d’abondance, d’où sortaient des vents, des rats, des papillons, etc. M. de Torsac se trouvant dans les appartements, quelqu’un dit que Douai était investi. Le courage du calotin lui fit avancer qu’avec trente mille hommes et carte blanche, il en chasserait les ennemis et qu’en moins de quinze jours il reprendrait toutes les conquêtes qu’ils avaient faite depuis le commencement de la guerre. Sur-le-champ son camarade Aymon se prosterna devant lui et lui remit le commandement comme au plus digne ; il se contenta de la charge de secrétaire du Régiment. C’est pour cela que les brevets sont signés Torsac et plus bas Aymon. Ce général le fut jusqu’à sa mort arrivée en 1724. Aymon reprit les rênes du gouvernement. C’est dans ce temps que l’oraison funèbre parut. M. de Fontenelle fut piqué d’y voir tourné en ridicule plusieurs de ses phrases, de celles de La Motte et autres académiciens. Il obtint de M. d’Armennville, pour lors garde des Sceaux la saisie des exemplaires de cette oraison funèbre. Aymon informé de cette recherche courut chez M. le maréchal de Villars à qui il dit : Monseigneur, depuis qu’Alexandre et César sont morts, nous ne pouvons nous adresser qu’à vous pour être protecteur de notre Régiment. On vient de saisir l’oraison funèbre de notre général Torsac et d’arrêter par là le cours de sa gloire et de la nôtre qui y est intéressée. C'est pourquoi, Monseigneur, je viens vous supplier de vouloir bien en parler à M. le garde des Sceaux ; il m’en avait accord la permission par écrit et la tirant en même temps de sa poche il la lui fit voir. M. le maréchal ne put s’empêcher de rire du sérieux d’Aymon en lui demandant une pareille faveur et il en parla le lendemain à M. le garde des Sceaux en présence du solliciteur. Ce ministre répondit à M. le maréchal : je ne veux point me brouiller avec ces Messieurs ; allez donc, ajouta-t-il en adressant la parole à Aymon, je vous donne main levé de la saisie de l’oraison funèbre de votre colonel Torsac. Aymon, portemanteau du Roi était originaire du Dauphiné et d’une famille noble. I mourut à Versailles le 5 mai 1731, âgé de 74 ans. Il eut pour successeur Dans son généralat M. de Saint-Martin, lieutenant aux Gardes, fils d’un conseiller au parlement de Paris. Sn élection fut chez M. le marquis de Livry en mai 1731. M. de Livry porta pour santé celle du général de la Calotte. Les convives s’armèrent de verres et burent cette santé qui fut célébrée par un décharge de mousqueterie qui avait été préparée. Il n’y avait que le récipiendaire qui ignorât l’honneur qu’on lui préparait et l’abbé de Grécourt qui n’était arrivé qu’à moitié repas. Cela ne l’empêcha pas de chanter cet impromptu.

    Saint-Martin, je te couronne
    Des lauriers du dieu Momus.
    Déjà tout fat en frisonne
    Et tout vice en est confus
    De sel attique
    Va parsemant tant et plus
    La République.
    Ce couplet n’avait point été préparé, mais bien une belle harangue qui fut prononcée par un convive en l’honneur et gloire de M. de Saint-Martin.
    Si la date de cette note est juste, cette chanson ne devait être mise que pour 1731. (Castries)

Numéro
$5341


Année
1725 (Castries)




Références

Mazarine Castries 3984, p.36-40


Notes

Peut-être mal daté selon la note de Castries