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La Confession du Régent

La confession du Régent1
Le Régent sans contrition
Nous a fait sa confession.
Il dit au conseil de régence2 :
J’ai fait trois milliards de billets,
Je vais vous dire en conscience,
Messieurs, comme ils ont été faits3 .

J’en ai fait, par arrêts connus
Pour quatre cents millions d’écus ;
Par arrêt sous la cheminée,
Autant ont été débités ;
Le reste doit sa destinée
A des arrêts antidatés.

J'ai pris cette précaution
Pour sauver la punition
Que Law méritait en faussaire,
Je veux bien l’avouer au roi ;
Contre lui qu’aurait-on pu faire
Qui ne fût retombé sur moi ?

Jugez, messieurs, si j’avais tort,
De lui donner un passeport.
On m’avait dit que sa présence
Ruinerait tout notre crédit,
Et que, pour rétablir la France,
Il suffisait qu’il en sortît.

Faites à présent règlement4 ,
Et liquidez exactement
Les  effets de chaque nature.
Pour que cela se passe bien,
Écoutez justice et droiture ;
Je ne me mêlerai de rien.

  • 11721. Ces couplets furent faits sur le conseil de régence. Il fut décidé qu'on établirait des commissaires pour faire une exacte recherche des papiers. (F.Fr.9347)
  • 2Tenu le 26 janvier 1721, au Palais des Tuileries, en présence du roi. (M.) — « On a tenu un grand Conseil de régence pour les finances. On y a fait entrer M. d’Armenonville qui n’y avait point entrée depuis la régence. On veut régler les actions, les billets de banque et tâcher de donner un arrangement au désordre où on est, ce qui est bien difficile. Il y a eu un grand débat entre le Régent et M. le Duc au sujet de Law, que M. le Duc a dit être l’auteur de tout le mal. Le Régent lui a dit qu’il l’avait fait accompagner lui‑même par ses gens hors du royaume. M. le Duc a dit qu’il était bien aise de se justifier puisqu’on l’accusait, que c’était le Régent qui avait donné le passeport, et qui l’avait engagé à le faire conduire. Voilà un bel éclaircissement entre ces deux princes, pour savoir qui des deux a protégé le destructeur du royaume, qui s’en rit, et ne craint pas d’être puni. » (Journal de Marais) (R)
  • 3Dans le conseil de régence tenu aux Tuileries en présence du roi le 26 janvier 1721. Le Régent parla de la sorte.(Arsenal 2962)
  • 4« Le bruit s’est répandu que l’on va faire une recherche d’où proviennent les actions, les billets, les rentes, et critiquer toutes les fortunes nouvelles, qui ont fait tant de tort au public. Ce sera matière à bien des faveurs injustes et un bon temps pour les femmes de la cour. » (Ibid.) — On rendit en effet, dans la séance du conseil, deux arrêts, l’un pour le visa des titres, l’autre relatif à la situation de la Compagnie des Indes, qui furent « le règlement général pour tout le papier ». (R)

Numéro
$0419


Année
1720 (Castries)




Références

Raunié, III,236-38 - Clairambault, F.Fr.12698, p.7-8 - Maurepas, F.Fr.12630, p.335-36 - F.Fr.9347, f°164v-165v - F.Fr.12673, p.414-16 - F.Fr.13656, p.157 - F.Fr.15131, p.378-80 - Arsenal 2930, p.405-08 - Arsenal 2962, p.113-14 (4 premiers couplets) - Arsenal 3115, f°222r-222v - Arsenal 3231, p.556 - BHVP, MS 670, f°76r-76v - Mazarine 2164, p.48-50 - Mazarine MS 2166, p.207-09 - Mazarine 2356, f°2r - Mazarine Castries 3983, p.54-55 -BHVP, MS 547, (non numéroté) - Lyon BM, MS 1552, p. 420 - Lyon BM, MS 1672, f°217r - Toulouse BM, MS 855, f°186v-187r - Marais, I, 337-38 (3 premiers couplets) - Barbier-Vernillat, III, 7687-88