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Sans titre

Le Voisin, notre chancelier ;
Dit qu’on le traite en écolier ;
Sachant la loi entière,
Hé bien !
Qu’on le tient en lisière,
Vous m’entendez bien.

Les uns excusent Desmarets.
Pour moi je n’y prends ni n’y mets ;
Il le sera peut-être,
Cela le fera connaître.

Le gentilhomme Pontchartrain
A, dit-on, retranché son train ;
Il rougira de honte.
Bon, c’est un plaisant conte.

Le Rebours offre un million
A Castel pour sa guérison ;
Il tient bon, cet apôtre,
Il en lâchera d’autres.

Le seul Torcy1 de bonne foi
A servi le peuple et le roi ;
Le Régent le conserve
Pour son corps de réserve.

Au reste le noir d’Argenson
N’élève plus si haut le ton ;
Il garde la police,
C’est là tout son office.

Le nonce, Tellier et Rohan2
Ont passé la nuit à Cachan,
En grande conférence
Sur la persévérance.

L’autre jour Monsieur de Paris3 ,
D’une pressante envie fut pris ;
Le Tellier, ce bon père,
Lui torcha le derrière.

Tant de malheureux innocents,
Qui gémissent depuis longtemps,
Sortent de l’esclavage
Où les mit votre rage4 .

  • 1Jean‑Baptiste Colbert de Torcy (1665‑1746), secrétaire d’État des affaires étrangères depuis 1696. « C’était, dit Saint‑Simon, un homme bon et ferme ; il avait tous les talents pour se faire aimer, toutes les qualités pour se faire respecter et craindre. » Le Régent le conserva pour avoir par lui le secret des affaires étrangères qu’il connaissait mieux que personne, et remplaça sa charge de secrétaire d’État, dont il se démettait, par celle de surintendant des postes. (R)
  • 2« Les cardinaux de Rohan et de Bissy, le nonce Bentivoglio et les autres chefs de la Constitution étaient dans les plus vives alarmes du traitement que le cardinal de Noailles recevait depuis la mort du roi. Ils mouraient de frayeur de le voir à la tête des affaires ecclésiastiques, ils remuaient tout pour l’empêcher, ils criaient à l’aide à tout le monde. » (Saint-Simon, Notes sur Dangeau) Armand‑Gaston‑Maximilien de Rohan (1674‑1749), évêque de Strasbourg et cardinal, grand aumônier de France, l’un des principaux chefs du parti moliniste, devint, grâce à Dubois qu’il avait sacré archevêque de Cambrai, chef du conseil de conscience et membre du conseil de régence. (R)
  • 3Le cardinal de Noailles. (R)
  • 4A la fin du dernier règne, nous dit Saint‑Simon, « la plupart des lettres de cachet, d’exil et de prison avaient été expédiées pour le jansénisme et pour la Constitution. Pour ceux qui furent tirés des cachots où la haine des ministres et celle des jésuites et des chefs de la Constitution les avait fait jeter, l’horreur de l’état où ils parurent épouvanta et rendit croyables toutes les cruautés qu’ils racontèrent dès qu’ils furent en pleine liberté. » (R)

Numéro
$0079


Année
1715




Références

Raunié, I,116-18 - Clairambault, F.Fr.12696, p.120-22 -  Maurepas, F.Fr.12628, p.365-67


Notes

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